A Bekoninga, étape tchadienne des Centrafricains avant les camps de réfugiés

25 Mai 2007 , Rédigé par A.F.P Publié dans #CENTRAFRIQUE INFOS

SGE-GVP77-250507111327-photo00-photo-default-512x384.jpgComme des milliers d'autres réfugiés centrafricains avant eux, ils ont passé la frontière avec le Tchad et ont pris place sous les manguiers du village de Bekoninga. Depuis des heures, ils attendent l'arrivée du convoi humanitaire à destination du camp de Dosseye.

Dans leur fuite, seules quelques familles ont eu le temps de rassembler à la hâte quelques vêtements et ustensiles de cuisine. La plupart sont venus les mains vides, avec pour tout bagage l'espoir d'une vie meilleure, loin des violences des "coupeurs de route", des rebelles et des soldats qui ravagent le nord-ouest de la Centrafrique.

Depuis des mois, le chef du petit village frontalier tchadien de Bekoninga est le témoin quotidien de leur exode. "Quand ils arrivent ici, ils s'installent toujours au même endroit, là-bas sous les arbres", montre du doigt Bernard Mbayessibe Komaye. "C'est moi qui fait leur liste et la transmet au HCR", le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Pour y absorber le flux quotidien des réfugiés, le HCR organise plusieurs fois par semaine des convois entre la frontière et le camp de réfugiés de Dosseye, à une trentaine de kilomètres au nord.

Plusieurs agents de la Commission nationale tchadienne d'accueil et de réinsertions des réfugiés (Cenar) accompagnent la caravane du jour. "Le chef de village nous a transmis la liste, ils seraient 70. Mais je crois qu'ils sont beaucoup plus", jauge Zakaria, leur responsable.

"Nous allons demander aux familles de se regrouper et nous allons les interroger pour déterminer s'ils peuvent bénéficier a priori du statut de réfugiés", explique le chef de l'antenne de la Cenar à Dosseye.

Un premier groupe s'approche. Le chef de famille décline son identité. "Où sont les documents de la Centrafrique ?", lui demande Zakaria. L'homme tend une carte d'identité. "Quand ils ont des documents, ça facilite la vérification", commente-t-il, "mais ce n'est pas toujours le cas".

Fadimatou se présente ensuite avec ses quatre enfants. "Je n'ai pas les documents, on nous les a pris. Mon mari a été tué il y a un an par les rebelles", assure-t-elle.

"Pourquoi avez-vous fui la Centrafrique seulement maintenant ? Avez-vous été à nouveau menacée ?", interroge Zakaria. "Il n'y a pas de sécurité, on n'a plus rien. Alors on a décidé de partir", lui rétorque la mère de famille.

Réponse convaincante, juge le fonctionnaire tchadien. Une fois leurs noms consignés dans un registre, Fadimatou et ses enfants reçoivent un bracelet bleu et un ticket qui leur donneront accès au camp de Dosseye.

"Ce travail n'est pas toujours facile, ils ne disent souvent pas tout, tout de suite", commente Maguelone Arsac, du HCR.

"Parfois, des Tchadiens se mêlent aux Centrafricains. Ce sont des migrants économiques qui fuient seulement les mauvaises conditions de vie", abonde Zakaria. "On voit aussi des réfugiés déjà inscrits dans les camps qui reviennent à la frontière pour se faire réenregistrer et recevoir à nouveau des rations alimentaires complètes", ajoute-t-il.

Après de longues palabres, la séance de vérification s'achève. Les familles dûment recensées rassemblent leurs maigres paquetages et les hissent à bord des trois camions du HCR. Aujourd'hui, une centaine de réfugiés a franchi le cap de Bekoninga et est autorisée à y embarquer.

Destination Dosseye, où ils rejoindront les 4.500 Centrafricains qui s'y entassent déjà depuis l'ouverture du camp, il y a à peine de six mois.

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