CENTRAFRIQUE : LA CHASSE AUX YAKOMAS A T-ELLE REPRIS DE PLUS BELLE ?

boz-copie-3.jpgJeudi 2 septembre. Nous sommes à Bangui. Augustin KEMBA, ancien sergent de l’armée admis à faire valoir ses droits à la retraite depuis plusieurs années et qui officie comme vigile au domicile de son oncle Olivier Gabirault, vient de toucher son salaire. Il laisse entendre qu’il va payer les frais de scolarité de ses enfants et en profiter pour se rendre au Tribunal de Grande Instance de Bangui pour suivre un dossier.

Cet ancien soldat, spécialiste des engins lourds ainsi que des chars, ancien garde du corps de l’ancien président André Kolingba et d’un certain…François Bozizé du temps où il était chef d’état-major des FACA, ne reviendra plus vivant. Et pourtant, il devrait reprendre son service au domicile d’Olivier Gabirault à 16 heures, heure de Bangui ce jeudi. À 20 heures, les enfants Gabirault tentent de le joindre sur son portable mais ne parvient pas à lui parler. Une tierce personne a décroché son téléphone portable et n’a pas parlé. Les enfants n’ont écouté que de la musique. Pensant que leur « frère » se vidait la tête dans un troquet de Bangui, ils n’insistèrent pas. À 21 heures, ils referment le portail, loin de se douter qu’au petit matin ils allaient être sous le choc.

Vendredi 3 septembre, 6 heures du matin. On cogne au portail du domicile d’Olivier Gabirauilt du quartier Kolongo. Ce sont des lèves tôt qui vaquent à leurs occupations quotidiennes. Ils préviennent les enfants Gabirault, en l’absence du père de la famille qui est en France pour des besoins de santé : il y’a un cadavre devant votre portail. Apeurés, ceux-ci sortent en courant et découvrent effarés le corps sans vie d’Angustin KEMBA, torturé, les deux mains ligotées par derrière et un tissu blanc attaché sur la main droite, portant une inscription indéchiffrables. On retrouve également dans ses poches, 6500 CFA. Ces assassins ont aussi pris la peine de jeter par dessus le mur de la concession, les chaussures de la victime qu’on découvre à l’intérieur.

Pour l’heure, aucune précision n’est disponible sur le lieu de son enlèvement et sur les circonstances de ce crime odieux. Mais des indices concordants, pointent la garde présidentielle de François Bozizé. Selon nos informations, la sécurité présidentielle disposerait d’un local de torture à Boy Rabe, un quartier nord de Bangui où souvent, lors des séances de torture, les tortionnaires mettent de la musique comme dans les bars dancings pour étouffer les cris du malheureux. C’est dire que, la musique entendue par les enfants Gabirault lorsqu’ils téléphonèrent à Augustin KEMBA, pourrait provenir de ce lieu sinistre de torture, installé par un certain…Francis Bozizé, fils de son père.

Ensuite, qui pourrait avoir le cran d’enlever un paisible citoyen en pleine ville si ce n’est une personne qui se croit au dessus de la loi et qui bénéficie de l’impunité accordée aux proches de Bozizé ? Il n’y a que les enfants Bozizé ou les soldats désignés comme ses proches qui peuvent se permettre ce luxe !

Enfin, avant son départ, Augustin KEMBA avait indiqué sa destination finale qui n’est autre que le Tribunal de grande instance de Bangui, situé non loin de la Présidence de la République où sont stationnés les nervis de Bozizé.

Ce sauvage assassinat d’Augustin KEMBA, rappelle malheureusement l’enlèvement dans les locaux de la force africaine en décembre 2009 du leader politico-militaire HASSAN OUSMAN avec la complicité des soldats tchadiens. Les nervis de Bozizé soupçonnaient ce dernier d’être en contact téléphonique avec…Charles Massi.

Crimes programmés ou simple coïncidence, toujours est-il que Augustin KEMBA et Hassan Ousman sont tous les deux neveux d’Olivier Gabirault. Jugez-en vous même.

Les soldats YAKOMAS dans l’œil du cyclone

Le journal proche du régime Le Globe visionnaire sous la plume du chef des renseignements de Bozizé n’avait pas pointé un doigt accusateur vers les ex mutins réfugiés à Brazzaville et qui, malgré le changement du 15 mars 2003, n’ont pas voulu rentrer parce que se disant que Patassé et Bozizé, c’est bonnet blanc, blanc bonnet, on aurait pas dit que l’assassinat d’Augustin KEMBA a valeur de signal, adressé soldats ou ex soldats YAKOMAS. Ceux-ci doivent désormais se considérer comme des cibles à abattre.

Cela nous ramène quelques années en arrières où la chasse aux YAKOMAS était le sport favori du régime Patassé. On connaît désormais ceux qui organisaient ces assassinats ciblés de YAKOMAS pour faire porter le chapeau au barbu national élu de droit divin. Ce sont ces fieffés criminels qui ont finalement réussi en mars 2003 à s’emparer du pouvoir de l’État et qui n’ont pas manqué d’organiser le 8 février à Sassara, une fête pour savourer le décès la veille à Paris de l’ancien président André Kolingba.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce crime odieux est également un message fort à la direction de tous les responsables politiques de notre pays. Organiser l’assassinat de proches d’un leader politique n’est jamais anodin.

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