CENTRAFRIQUE - ÉLECTIONS 2011 : OLIVIER GABIRAULT INTERPELLE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

Réunion du Conseil Municipal(Mairie de Bangui 1996)

                                                                  MEAUX le 25 mars 2011

 

NOTE A LA TRES HAUTE ATTENTION DE LEURS EXCELLENCES MESSIEURS

 Nicolas SARKOZY, Président de la République Française ;

Barak OBAMA,  Président des Etats Unis d’Amérique ;

Ban Ki-Moon,  Secrétaire Général des Nations Unies ;

 TEODORO OBIANG NGUEMA, Président de l’Union Africaine ;

  Herman VAN ROMPUY, Président de l’Union Européenne ;

Denis SASSOU NGUESSO, Président de la CEMAC,

EXCELLENCES,

Personnalité Politique Indépendante centrafricaine et acteur de la paix dans mon pays comme Vice-Président du Présidium du dernier Dialogue Politique Inclusif de 2008, nous nous permettons d’appeler respectueusement votre très haute attention sur les graves risques de rupture  imminente de la paix déjà fragile en Centrafrique.

En effet, malgré les fraudes monstrueuses du pouvoir en place lors des élections du 23 janvier 2011 telles que décrites notamment par les rapports des observateurs de l’Union Européenne ainsi que de l’OIF  et la retenue observée par les partis politiques de l’Opposition, désormais inexistants dans toutes les sphères de l’Etat par la simple volonté du pouvoir en place de tout dominer politiquement, le Président BOZIZE qui a promis dans son discours d’investiture de « détruire » cette institution symbole de la démocratie, met déjà en œuvre avec une primitivité déconcertante son idée.

A notre humble connaissance, la démocratie ne consiste pas, comme c’est le cas en Centrafrique, à :

-       Enlever,  empoisonner, assassiner des adversaires politiques, en toute impunité pour se faire de la place;

 

-       Empêcher, même l’évacuation sanitaire d’un ancien Chef d’Etat souffrant, pour des soins appropriés alors que son état l’exige et tout simplement parce qu’il est de l’Opposition, ce qui est totalement inhumain. En  effet, l’avion dépêché par le Président Equato-guinéen pour assurer l’évacuation de l’ancien Président de la République Ange Félix PATASSE n’a pas reçu l’autorisation d’atterrissage à Bangui ;

-       Empêcher systématiquement l’opposition de tenir un meeting en faisant  envahir les lieux de la réunion par la garde présidentielle comme cela s’est passé ce jour à BANGUI , ce qui est contraire à  la liberté d’expression et de réunion prévue par la loi de juillet 2004 relative aux statuts des partis politiques de l’0pposition, signée pourtant par le Président BOZIZE ;

-       Empêcher systématiquement les leaders politiques centrafricains de l’Opposition de quitter le pays, ce qui est contraire à la liberté d’aller et venir proclamée pourtant par la constitution centrafricaine. C’est actuellement le cas de Me TCHIANGAYE un des responsables des partis de l’opposition, interdit à plusieurs reprises de quitter le pays, même dans le cadre de sa profession libérale ;

-       Humilier l’ensemble des leaders de l’Opposition en les faisant refouler manu militari de l’aéroport où ils ont accompagné leur collègue Me TCHIANGAYE, leur Porte-parole;

-       Tenir de manière officielle et incessante des propos d’intolérance, de violence à l’égard de l’Opposition, objet par ailleurs d’injures quotidiennes à la radio nationale à laquelle celle-ci n’a nullement accès, ce qui est de surcroît contraire à la loi sur les parts politiques de l’opposition ;

-       Réduire  économiquement, politiquement l’élite politique du pays tout simplement pour son esprit de contradiction dont le Président de la République a personnellement horreur ;

-       Déstabiliser, diviser les partis politiques, la société civile par  la corruption à grande échelle avec les moyens de l’Etat pour l’intérêt du régime au pouvoir;

-       Utiliser la terreur, la violence, le rançonnage, l’impunité comme arme de domination ;

-       Politiser, tribaliser, diviser l’armée désormais désorganisée, affectée davantage à la protection du Président BOZIZE qu’à la défense de l’intégrité du territoire, occupé depuis 2008 par une rébellion étrangère  (LRA) qui enlève, viole, tue   pille tranquillement la population en progressant sans difficulté de l’Est vers le Nord du pays ;

-       Prendre des décisions très graves entrainant la perte de vie ou de liberté des personnes sur la base de simples fiches de dénonciations calomnieuses ;

-       Aliéner la jeunesse en l’utilisant dans une campagne permanente d’imposture, de division, de haine politique, d’intoxication, de désinformation   au lieu de créer des emplois pour lui permettre de faire face à la crise multidimensionnelle qu’elle subit ;

-       Exploiter politiquement la pauvreté de la population en lui jetant à partir de la voiture,  ce qui est d’ailleurs  humiliant et inhumain, des coupures de billets de banque, parfois de l’hélicoptère etc.

 

Comme on peut le voir, la dictature, le totalitarisme existe fondamentalement en Centrafrique même si le régime en place semble prétendument démocratique.

En rassemblant tous les pouvoirs de l’Etat entre ses mains et son clan, le Président BOZIZE, indépendamment de son esprit hostile à la contradiction, se retrouve sans le savoir certainement, chef d’un régime dictatorial.

Force est de constater que malheureusement c’est bien cette dictature que la communauté internationale a financée par le biais des élections volées du 23 janvier 2011 comme l’attestent les rapports de différents observateurs internationaux, notamment de l’Union Européenne et de l’OIF.

Le grave danger aujourd’hui est que cette situation va déboucher sur la rupture de la paix  dans le pays. Cependant le peuple aspire à la démocratie pour se développer et non pour aller vers un chaos aux conséquences incalculables que lui impose un régime comparable à celui de l’Empereur Jean Bedel BOKASSA, dont s’inspire irrémédiablement le Président BOZIZE, à l’époque son Aide de Camp.

Une telle situation ne sera jamais ni en faveur du régime en place qui croit avoir tous les pouvoirs entre les mains, ni en faveur de la population.

En effet, lorsqu’un régime s’emploie à supprimer l’Opposition, il fait par la même occasion disparaître la démocratie pour faire place au totalitarisme aveugle car le contrepoids qui lui permet de mesurer ses actions, de les équilibrer va manquer.    La tendance de tout décider sans se soucier d’une opinion quelconque le basculera dans un sens. Une majorité parlementaire devant être utilisée dans l’intérêt du pays deviendra  un simple instrument de domination politique.

 

L’actuelle majorité au pouvoir qui se réjouit déjà de sa position avant le 2e tour des élections législatives boycottées par l’Opposition l’utilisera comme par le passé pour ses intérêts et sera plus dangereuse qu’une opposition radicale  pour la simple raison que cette majorité va se détourner d’un objectif primordial pour la survie de son propre régime. 

 

Son vote automatique à l’Assemblée Nationale ne rendra pas service à la population, et pas forcément au pouvoir, car il signifie que quels que soient les textes proposés, ils doivent être acceptés au nom de l’appartenance parlementaire à un régime.

 

Or le pays a déjà suffisamment souffert de ce genre de vote dans plusieurs dossiers douteux, ce qui lui a causé d’énormes préjudices.

La République Centrafricaine va dans ces conditions vers une très grave dérive consécutive à l’absence d’une réelle représentation de la population à l’Assemblée Nationale, d’une Opposition combattue pour être anéantie. Il en est surtout de même d’un manque de confiance totale à la justice, abusivement  aux ordres du pouvoir.

Au regard de la gravité des quelques faits cités ci-dessus qui ne sont pas limitatifs, nous estimons qu’il ne peut pas y avoir deux poids, deux mesures, et que la République Centrafricaine mérite au même titre que tous les autres pays de la planète, la même attention de la communauté internationale, celle-ci ne devant pas garder silence ou fermer les yeux sur ce qui s’y passe sous quelque prétexte que ce soit, s’agissant de la vie, de l’avenir de toute une nation, devenue fondamentalement  dans l’esprit d’un individu et son clan, un « butin de guerre ».

 

Pour cela, la solution idéale pour préserver la paix pendant qu’il est encore temps, consiste à :

- annuler les élections tant présidentielles que législatives du 23 janvier 2011 car admettre un acte aussi abominable de fraudes consacrerait définitivement une absence totale de civisme, d’ethique au sommet de l’Etat, ce qui constituerait officiellement un poison moral pour la société centrafricaine, donc un très grave danger pour l’avenir du pays, indépendamment des frustrations présentes, source de tensions ;

- réorganiser consensuellement les consultations après une période de transition dont la durée et la gestion doivent être discutées et arrêtées par les forces vives de la nation ;

 

Dans l’espoir que la Communauté internationale porte l’attention sur la République Centrafricaine et appuie les propositions faites ici pour l’aider non seulement à sortir en souplesse de la crise, mais à préserver la paix en son sein, nous vous prions d’agréer Excellences, l’expression de notre très haute considération.

 

                       Olivier GABRAULT

Précédemment : Député de la ville de BANGUI

                               Vice-président de l’Assemblée nationale ;

                              Ministre ;

                              Maire de la Ville de BANGUI

                             Candidat aux Elections présidentielles de 2005.

5, Avenue Jean BOUVIN, Résidence DEBUSSY 419

77100 MEAUX

gabirault_olivier@yahoo.fr

 

 

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