INTERVENTIONNISME FRANÇAIS EN AFRIQUE: LA COLERE MONTE …

12 Décembre 2006 , Rédigé par SANFINNA Publié dans #NOUVELLES D'AFRIQUE

INTERVENTIONNISME FRANÇAIS EN AFRIQUE: LA COLERE MONTE …
(Sanfinna du 11 au 17 decembre 2006)

Malgré l’importance que prend la dimension internationale dans le débat électoral français à la veille des élections présidentielles, on ne peut pas dire que l’Afrique provoque quelque intérêt aux yeux des acteurs politiques comme de l’opinion. Pourtant, ce ne sont pas les problèmes qui manquent.

Au Rwanda, est formulée une accusation très grave : celle de participation de l’armée française à un génocide et qui implique aussi bien la Droite que la Gauche. Mais on n’en voit pas les retombées dans les débats internes.

En Côte d’Ivoire, l’implication de la France aux côtés des rebelles indispose maintenant jusqu’aux sphères onusiennes. Ce n’est pas pour autant que les politiques français se sont appropriés la question.

En Centrafrique et au Tchad, l’armée française est en train de participer aux combats entre nationaux en apportant des renseignements et un appui logistique à Bozizé et Déby mais aussi en autorisant son aviation à pilonner des positions rebelles, occasionnant notamment des dégâts collatéraux. Malgré les condamnations, aucun candidat à l’élection présidentielle n’estime digne d’intérêt de réagir par rapport à cette situation. Il y a, il faut le craindre, comme une conspiration du silence de la Gauche comme de la Droite, qui pourrait cacher leur complicité dans tous ces faits et leur volonté de ne rien changer de fondamental dans la politique africaine de la France.

Qu’à cela ne tienne, qu’en Afrique on n’ait de cesse de condamner cet interventionnisme qui en plus de causer des morts, de retarder le développement de l’Afrique, présente des incohérences révélatrices de ce que la présence militaire en Afrique ne sert en définitive que ses seuls intérêts. Sur le point particulier de ces contradictions, il est relevé que les accords de défense qui lient la France à certains pays africains ne sont pas actionnés en considération des engagements pris par les différentes parties mais en considération de la seule opinion de la France. Ce sont en définitive des accords léonins.

Quand la France estime qu’il faut intervenir, elle intervient ; quand elle estime l’intervention hors de cause, elle s’abstient. Ainsi au plan interne des Etats, Henri Konan Bédié avait demandé en vain, face à une agression venue de l’extérieur, que les accords de défense soient actionnés. Il n’a pas eu gain de cause et il a chuté. L’opposition centrafricaine, par la voix de Martin Ziguelé, avance la même critique en invoquant que Patassé a exigé la mise en œuvre des accords de défense face à une agression de son pays menée par des rebelles et par N’Djamena sans que la France ne réagisse. Dans un cas comme dans l’autre, Bédié et Patassé étaient les mal aimés ; on a choisi de laisser faire…

On choisira aussi de laisser faire lorsque des rebelles partis de l’extérieur s’attaqueront le 19 septembre 2002 au régime ivoirien et que, faute d’avoir réussi, ils s’enliseront dans une sécession de fait. Voilà une politique à géométrie variable qui se manifeste particulièrement au Tchad et en Centrafrique où, cette fois-ci, la France actionne ses accords de défense en faveur de Bozizé et met son armée au service d’Idriss Déby (bien que le Tchad n’ait que des accords de coopération militaire avec la France) pour combattre des rebelles qu’elle dit être venus de l’extérieur pour déstabiliser ces pays. Saleh Kebzabo, Député tchadien, leader du parti d'opposition UNDR, l'Union nationale pour le développement et le renouveau a expliqué qu’il fallait que la France appuie plutôt sur le gouvernement pour qu’il dialogue avec l’opposition : « Nous, si on avait l’occasion de rencontrer le Premier ministre de Villepin, on lui dirait que la France a beaucoup d’arguments pour exercer des pressions importantes sur le régime tchadien afin de le mener à accepter de dialoguer avec ses oppositions».

Encore une fois, l’Afrique digne ne doit pas rester silencieuse, même si en France, c’est l’ « omerta » et il est réconfortant de constater que ce ne sont pas les seuls Tchadiens et Centrafricains qui s’insurgent contre cet interventionnisme. Dans d’autres parties de l’Afrique, la même colère existe. Elle vient par exemple de l’UNDD qui, à la suite de la dernière réunion de son Bureau exécutif national en date du 1er décembre 2006, s’est prononcé en ces termes : « C’est tout naturellement, compte tenu de leurs effets dommageables, que les interventions françaises au Tchad, en Centrafrique, sont venues en discussion. Le BEN s’est ému de voir le pouvoir français négliger les voies de règlement pacifiques de ces crises -grâce aux pressions dont il dispose- pour engager l’ armée française sur le terrain. C’est, quelles que soient les pondérations de vocabulaire, ce qu’il est en train de faire avec les fameux renseignements ou soutiens logistiques et plus ouvertement, avec les bombardements (du reste reconnus) de cibles rebelles. La circonstance aggravante ici, c’est que le gouvernement français déploie toute cette violence destructrice en vies humaines pour secourir des régimes décriés, qui ont tourné le dos au dialogue démocratique ».

Une autre réaction vient de tomber : c’est celle de la Confédération panafricaine de la jeunesse (CPJ) que vous pouvez lire dans la rubrique « A vue de pays ».

VT
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