AFRIQUE - DEMOCRATIE : COMMENT CONFORTER LA CULTURE DEMOCRATIQUE EN AFRIQUE ?

24 Juillet 2006 , Rédigé par SANFINNA Publié dans #NOUVELLES D'AFRIQUE

LES INSTRUMENTS D’ACCOMPAGNEMENT DEMOCRATIQUE SONT-ILS OUI OU NON NECESSAIRES EN AFRIQUE ?
(Sanfinna du 24 au 30 juillet 2006)

La mise en œuvre de la démocratie en Afrique apparaît à l’observation, comme un véritable travail de Sisyphe. L’aventure est tellement difficile que l’on en est arrivé à imaginer des techniques adaptées pour en faciliter l’enfantement et la bonne croissance. C’est ainsi que sont apparues les conférences nationales souveraines mais aussi, les commissions électorales nationales indépendantes, les conseils supérieurs de l’information, les commissions nationales des droits humains .. Pour beaucoup, ce sont des créations spécifiques qui répondent aux réalités africaines et qui montrent que si elles n’existaient pas, les choses auraient pu se passer dans des conditions encore plus mauvaises.

 Cet avis est loin d’être partagé de manière unanime puisqu’une opinion contraire soutient que ces institutions sont tout à fait inefficaces, budgétivores, récupérées par les partis au pouvoir qui les retournent en définitive contre le travail de soutien à une bonne démocratisation. Deux sons de cloche.


LES INSTRUMENTS D’ ACCOMPAGNEMENT DE LA DEMOCRATIE SONT UTILES

On a beau dire que la démocratie est une valeur universelle, jamais sa mise en œuvre n’a obéi aux mêmes règles dans tous les pays. C’est que les réalités sociales, politiques, économiques, géographiques.., sont différentes d’un pays à l’autre.

 En Afrique, on l’a bien vu, les clivages politiques ethniques, sociaux, régionaux.., ont si souvent compromis l’implantation de la démocratie voire même l’émergence des nations que tout naturellement, on a pensé qu’il fallait faire montre d’imagination créatrice à cet égard. Ainsi, ont été créés les structures électorales type CENI, les CSI, les CNDH.. Lorsqu’on observe la manière dont ces structures ont fonctionné et fonctionnent, on ne peut certainement pas dire qu’en tous points, elles ont donné satisfaction mais l’objectivité commande de reconnaître qu’elles ont eu des effets positifs sur les processus, qu’elles ont contribué à l’émergence de la conscience civique et à une certaine formation politique des citoyens.

 Sans elles, bien de réformes améliorant l’existant n’auraient pas vu le jour. On n’aurait pas autant avancé dans la culture démocratique, et celle-ci, reconnaissons-le, est la base de toute édification solide de la démocratie. On ne peut pas construire en 5, en 10 ans une démocratie qui prenne son envol définitif : ça, c’est du rêve, encore et surtout que nulle part, la démocratie est acquise ad vitam aeternam. Il faut à chaque fois la préserver des attaques dont elle peut être l’objet.

Gardons et surtout efforçons-nous d’améliorer ce que nous avons actuellement et n’oublions jamais que ce ne sont pas les populations qui se plaignent de ces structures d’accompagnement ni les partenaires techniques et financiers qui les encouragent en les félicitant mais plutôt la classe politique, et singulièrement les partis politiques d’opposition. Et puis, il convient de ne pas écarter cet autre argument, même terre à terre, qui réside dans le fait que ces instruments créent de l’emploi. A travers eux, il y a tout un maillage du territoire national et c’est doublement bénéfique pour le pays puisqu’en plus de contribuer à l’émergence d’une culture citoyenne, on génère ainsi quelques emplois.

LES INSTRUMENTS DE SOUTIEN A LA DEMOCRATIE ONT FAILLI A LEURS MISSIONS

Dans les pays de démocratie classique, il y a ni conférences nationales souveraines ni CENI… Pourquoi ? Parce qu’il y a une discipline républicaine et démocratique qui rend superfétatoire de telles structures. En Afrique, on n’a pas une telle discipline d’où le recours à de telles structures d’accompagnement.

Ce n’est pas mauvais en soi mais lorsqu’on en vient à cette solution, il faut le faire de bonne foi, avec l’intention de permettre que ces structures répondent à leur objectif. Il se trouve justement que de ce point de vue, on est déçu à chaque fois qu’on fait un bilan objectif. Pourquoi ? Parce que, dans la plupart des cas, on s’aperçoit que la création de ces instruments n’a servi en définitive que comme moyen d’accompagnement du pouvoir pour l’implantation d’une démocratie unanimitaire.

 Les pouvoirs africains ont, dans la plupart des cas en effet, fait mine de se plier aux exigences de La Baule pour trouver avec le temps de multiples parades à une libéralisation politique. Parmi ces parades, il y a incontestablement l’inféodation des CENI et autres CSC, bref de tout ce qui avait été imaginé pour conforter l’émergence de la démocratie.

 C’est ainsi qu’en dépit de la CENI, des fraudes, des manipulations les plus diverses ont pu se faire sur le dos du corps électoral pour concourir à restaurer les dictateurs dans leurs pouvoirs absolus. C’est ainsi que malgré le CSC, il n’y a pas eu équilibre de l’information, le pouvoir usant et abusant de ses passages dans les médias publics, phagocytant à tout va les médias privés ou certains journalistes de ces médias privés…. Les choses allant de mal en pis, l’opinion internationale elle-même en vient à reconnaître l’échec global du processus démocratique en Afrique.

 Eh bien, dans les causes de cet échec, il y a les fautes à imputer à ces instruments de soutien à la démocratie qui n’ont pas du tout joué leur rôle. On peut donc dire qu’ils se sont révélés nocifs.

TOMI/TOZI.

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