Les Etats membres de la CEEAC s’accordent d’affecter désormais les 10% de leurs budgets nationaux respectifs au secteur agricole

30 Juillet 2008 , Rédigé par Digitalcongo Publié dans #NOUVELLES D'AFRIQUE

Aussi, ils ont décidé de la constitution à très brève échéance d’un fonds spécial de développement agricole pour la région, alimenté par chacun des Etats membres, à la hauteur d’au moins deux cent mille dollars américains.

Les lampions sur le sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac), consacré à la crise alimentaire, qui s’est déroulé en République démocratique du Congo, se sont éteints le mardi 29 juillet 2008, au salon Congo du Grand Hôtel Kinshasa. Le Chef de l’Etat congolais Joseph Kabila, président en exercice de la Ceeac, qui a patronné cette réunion, y a été représenté par le Premier ministre ad intérim Nzanga Mobutu. Ainsi donc, les ministres des pays membres de cette communauté ont décidé d’une panoplie des mesures pour parer à cette crise.

Parmi les plus urgentes, la constitution à très brève échéance d’un fonds spécial de développement agricole pour la région, alimenté par chacun des Etats membres, à la hauteur d’au moins deux cents mille dollars américains.

Il a aussi été décidé l’allocation par chaque pays, de 10 % de son budget national au secteur agricole et la volonté politique réelle des gouvernements respectifs à s’engager en faveur de la promotion du secteur agricole tant au niveau national que régional.

Le ministre congolais de l’Economie et du Commerce, André Philippe Futa, qui se trouvait être le président du séant de cette concertation, a dans un premier temps loué la qualité des débats et discussions qui ont sanctionné ces assises. C’est ainsi qu’il a invité tous les ministres qui ont pris part à ces travaux de mettre à l’ouvrage, au retour de leurs pays respectifs, dès les premières semaines, les recommandations et résolutions concrètes.

Dans son mot de clôture, Nzanga Mobutu a congratulé tous les participants, pour la rigueur et l’assiduité dont ils font montre tout au long des travaux. Il a émis les vœux de voir ces participants tenir compte, au sortir de ces assises, de toutes les résolutions arrêtées, pour le bien être des populations de la sous-région.

Ci-après le communiqué final du conseil des ministres

A l’initiative de Son Excellence Monsieur Joseph Kabila Kabange, Président de la République Démocratique du Congo et Président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale, le Conseil des Ministres de la CEEAC sur la crise alimentaire s’est tenu à Kinshasa les 28 et 29 juillet 2008. Au cours de ces assises, il a également été examiné le point relatif à la validation d’un nouveau cadre institutionnel et d’un nouvel organigramme du Secrétariat Général de la CEEAC.

I. De la crise alimentaire :

Cette concertation sous régionale a donné l’occasion aux ministres d’examiner les causes profondes de cette crise et d’adopter des mesures importantes pour y faire face.

En ce qui concerne les causes de la crise, les ministres ont pris acte de ce que la situation alimentaire actuelle dans la sous- région d’Afrique Centrale découle d’une aggravation de l’état de dysfonctionnement du secteur agricole qui a longtemps prévalu dans les Etats membres de la CEEAC et de la flambée des prix des denrées alimentaires.

Au terme de leurs échanges, les ministres ont donc convenu de l’urgence de prendre, au niveau de chaque Etat membre et au niveau régional, des mesures concrètes pour assurer une meilleure maîtrise du phénomène et trouver des voies et moyens d’une sortie durable de la crise.

Au plan National, les Etats :

1. Fixent l’échéance de 2010, pour procéder à la revue de la mise en oeuvre des décisions des réunions précédentes, à savoir, les Déclarations de Maputo et d’Abuja ;

2. Réaffirment leur engagement à assurer la mise en application effective de la Déclaration de Maputo, notamment en ce qui concerne l’allocation à l’agriculture de l’équivalent de 10% du budget national, de la Déclaration d’Abuja relative à l’accessibilité aux intrants, dont les engrais ;

3. S’engagent à mettre en place des mécanismes de suivi — évaluation internes de l’utilisation des dotations budgétaires affectées au développement de l’agriculture, de l’élevage, des pêches (maritimes et continentales) et de l’aquaculture ;

4. Décident d’encourager et soutenir les organisations paysannes tant sur le plan technique que financier en vue de les stimuler et de créer les conditions de modernisation de leurs techniques et méthodes de production, de stockage, de conservation et commercialisation ;

5. Décident de libérer à très brève échéance une dotation spéciale d’au moins 200.000 USD par pays, en vue de constituer un premier apport pour la création du Fonds spécial régional de développement agricole devant être mis en place par la CEEAC. Un quart de cette dotation va permettre d’apporter une contribution au projet d’appui de la FAO au secteur agricole ;

6. Donnent la latitude à chaque Etat de s’organiser dans la mise en oeuvre de mécanismes de stockage et de distribution des denrées alimentaires ;

7. Engagent une réflexion sur le développement d’un secteur privé agricole régional en relation avec la FAO ;

8. Soumettent des projets de développement agricole via la FAO au plus tard en septembre 2008 afin de saisir les opportunités offertes par les partenaires ;

9. Conçoivent et exécutent des programmes agricoles pour encourager le retour des jeunes à la terre ;

Au plan régional

Les Etats donnent mandat à la CEEAC en collaboration avec les partenaires au Développement de :

1. Accélérer le processus devant aboutir à l’adoption et à la mise en oeuvre de la Politique Agricole Commune (PAC) et l’actualisation du Programme Régional de la Sécurité Alimentaire (PRSA) ;

2. Organiser et mettre en application un marché régional pour faciliter l’accès aux intrants (engrais, semences, matériels et équipements agricoles), intensifier les échanges intracommunautaires, éliminer progressivement les barrières tarifaires et non tarifaires et encourager la commercialisation des produits agricoles, des pêches, de l’aquaculture et de l’élevage ;

3. Organiser un processus de suivi de la mise en application effective, des dispositions relatives à la zone de libre échange et à la libre circulation des opérateurs économiques, des chercheurs et des biens dans l’espace CEEAC, notamment de façon à accompagner les efforts de création, à terme, du marché régional des produits agricoles ;

4. Créer un système d’information et d’alerte précoce de la sécurité alimentaire, avec une banque de données et un suivi efficace des statistiques. Ce système devra assurer l’observation et le suivi des productions agricoles, l’évolution des prix et la vulnérabilité des populations. Il se chargera en outre de la coordination de la collecte, du traitement et de la diffusion des données entre les Etats ;

5.Engager une réflexion sur la création d’un Fonds spécial régional de développement agricole ;

6. Elaborer un programme régional de maîtrise de l’eau (irrigation et drainage) ;

7. Mettre en place un comité de suivi régional, composé des experts et représentants de :

• La Présidence en exercice de la CEEAC;
• La FAO;
• La CEA;
• La Banque Africaine de Développement;
• Les organisations paysannes et le secteur privé.

Ce Comité sera complété selon les besoins par d’autres organisations et personnes ressources. Il devra assurer le suivi de la mise en oeuvre par les pays de la région des décisions du Conseil des Ministres, à qui il devra rendre compte périodiquement.

En ce qui concerne la FAO, elle s’engage à :

1.Appuyer les pays membres de la CEEAC à travers son Bureau sous- régional d’Afrique Centrale dans l’élaboration de projets conformes aux formats requis pour faciliter leur accès aux financements annoncés lors de la Conférence de haut niveau de la FAO tenue en juin 2008 à Rome ;

2.Accélérer la mise en oeuvre d’un Programme de Coopération Technique (TCP) Régional pour accompagner les actions urgentes initiées en vue d’assister les petits, paysans des Etats membres à accéder aux intrants agricoles ;

Par ailleurs, les Ministres ont exprimé à la très haute attention de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEEAC le souhait et la nécessité de réaffirmer la volonté politique pour la mise en application des mesures adéquates en vue de renforcer durablement le secteur agricole de l’Afrique Centrale.

Fait à Kinshasa, le 29 juillet 2008

CEEAC

Célestin Lutete/MMC

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