AVEU - Guy Verhofstadt, Premier ministre belge : Le génocide rwandais aurait pu être freiné

26 Mai 2007 , Rédigé par le Quotidien.sn Publié dans #NOUVELLES D'AFRIQUE

Le Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, a estimé que le maintien du contingent des casques bleus belges au Rwanda aurait pu sauver des centaines de milliers de vies humaines, lors du génocide de 1994.

Mais, son prédécesseur Jean-Luc Dehaene, qui était aux affaires à l’époque, l’a contredit devant la Cour d’assises de Bruxelles, où est jugé l’un des accusés du meurtre de dix soldats belges, affirmant que l’Onu était responsable. Ces deux ténors de la vie politique belge ont comparu en qualité de témoins, lors du procès du major rwandais Bernard Ntuyahaga qui est, également, accusé devant la justice du royaume du meurtre d’Agathe Uwilingiyimana, le Premier ministre du Rwanda que les casques bleus étaient censés protéger.

Après leur mort le 7 avril 1994, la Belgique a rapatrié son contingent, laissant libre cours aux extrémistes Hutus qui ont provoqué la mort de 800 000 personnes, pour la plupart des Tutsis, dans ce qui a été ensuite qualifié de génocide.

«Je pense que si les troupes belges étaient restées, on aurait pu sauver quelques centaines de milliers de gens», a estimé Verhofstadt, qui a présidé une commission d’enquête parlementaire sur ce dossier avant de devenir Premier ministre.

«Cela a été une erreur de retirer les troupes. Il y avait beaucoup de soldats belges qui ne voulaient pas laisser tomber ces gens-là», a-t-il ajouté devant la Cour d’assises.

LA POLITIQUE FAIT “PEUR”, SELON VERHOFSTADT

C’était d’autant plus vrai, a-t-il dit, que toutes les informations, tendant à prouver qu’un génocide se préparait après la destruction en vol de l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, un Hutu, étaient disponibles à l’époque, même si elles n’ont pas été exploitées par le gouvernement. Verhofstadt a présenté les excuses de la Belgique au Rwanda, lors d’une visite officielle chargée d’émotion à Kigali.

Pour Jean-Luc Dehaene, en revanche, la Belgique est «un petit pays qui a fait de son mieux» et le retrait s’imposait après que l’Onu a refusé de muscler le mandat de la Minuar.

«Les Nations-Unies ne nous ont pas donné de mandat», a-t-il expliqué en jugeant l’institution internationale responsable. Sa version des faits a été étayée par son ministre des Affaires étrangères de l’époque, Willy Claes. Faux, a répliqué Verhofstadt, selon lui, c’est la Belgique qui a fait pression sur les Nations-Unies pour qu’on retire tout le contingent des Nations Unies, dont les troupes belges. Mais, l’actuel Premier ministre a reconnu qu’il aurait pris la même décision que celle prise par le gouvernement belge de l’époque, l’opinion publique belge souhaitant le rapatriement des troupes après la mort des dix casques bleus. «Je ne pense pas que j’aurais pris une autre décision», a-t-il dit en ajoutant que la politique faisait «peur», précisément parce qu’elle faisait commettre de telles erreurs.

La Belgique est parvenue à faire arrêter et à juger Ntuyahaga après que le Tribunal pénal international pour le Rwanda (Tpir) a renoncé à poursuivre le major en 1999. Le procès devrait durer au moins jusqu’en juin et Ntuyahaga se déclare innocent des charges qui pèsent contre lui.

En 2001, deux religieuses, un professeur d’université et un homme d’affaires rwandais avaient été condamnés à des peines de 12 à 20 ans de prison pour leur participation au génocide en vertu de la loi de «compétence universelle» qui donne aux juges belges le droit de poursuivre les auteurs de ces crimes. 

 

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