CENTRAFRIQUE : ANNUS HORRIBILIS (PAR JOSEPH AKOUISSONNE)

17 Mars 2013 , Rédigé par BLOG MEDIAPART Publié dans #CENTRAFRIQUE INFOS

 

imagesL’ECHEC  DES  NEGOCIATIONS   DE LIBREVILLE  ETAIT PREVISIBLE

Les négociations de Libreville ont été engagées, cernées par d’insondables  incertitudes.  Pléthore de participants : ils ont eu beaucoup de mal à se mettre d’accord sur un programme politique de gouvernement et d’union nationale. Dans les rangs de la SELEKA : beaucoup de Tchadiens. Leur habillement l’indique : djellabas et burnous sur la tête. Il ne s’agit pas de stigmatiser quiconque : après tout,  beaucoup de Centrafricains sont d’origine tchadienne. C’est un constat. François Bozizé s’est emparé du pouvoir en Centrafrique avec l’aide décisive du gouvernement tchadien. Depuis, la République  Centrafricaine vit sous la tutelle d’Idriss Deby, Président du Tchad. Avec le succès de ses militaires au Mali, son poids et son autorité iront grandissants en Afrique Centrale. Ne serait il pas tenté d’asseoir sa prééminence sur la sous- région ?  Il ne faut pas oublier que Deby a fort à faire avec ses propres rebelles, basés au Soudan et à la frontière centrafricaine. Il est donc stratégiquement payant pour Deby d’avoir quelqu’un, sur qui compter en République Centrafricaine  D’où cette alliance militaro-dictatoriale entre les deux présidents. C’est une escouade de soldats tchadiens qui, depuis 2003, a composé la garde présidentielle  de Bozizé. Aujourd’hui,  ils sont secondés par les Sud-Africains, qui sont devenus, les nouveaux gendarmes du sous-continent africain. Quant aux forces françaises, elles sont là depuis l’indépendance, suite aux accords bilatéraux de défense signés à ce moment-là.

 DES  POSITIONS  INCONCILIABLES

          Bozizé ne voudra  pas revenir sur des élections présidentielles, même si elles ont été entachées de fraudes, ni quitter le pouvoir. La SELEKA, pour sa part, affiche comme préalable  la démission du président et veut sa comparution devant la C.P.I. (Cour Pénale Internationale) « pour faits de crimes de guerre et crimes contre l’humanité ».  Ce sont là des blocages lourds. Pour les lever, il faudra, de part et d’autre, faire taire les égos, expliciter les non-dits,  refuser de se laisser entraîner par l’appât  du gain et les cupidités, qui, jusqu’à maintenant, ont été au centre des préoccupations des dirigeants  centrafricains, depuis la disparition tragique de Barthélémy Boganda,  père fondateur de la R.C.A. 

          Il faut que tous ceux qui ont été à Libreville, au nom de la République Centrafricaine, sachent qu’ils seront comptables de l’annus horribilisqui guette leur pays. Il faut, à tout prix, qu’ils mettent de l’eau dans leur vin de palme, pour qu’enfin le peuple, martyr de ses propres dirigeants, depuis la disparition de Barthelemy Bongada, puisse vivre dans la paix, la justice et la sérénité. Ne vexer personne. Chercher des points d’appui pour que chacun sorte la tête haute. Penser aux exigences supérieures de la nation centrafricaine. Apparemment, les débatteurs de Libreville ont échoué, prisonniers qu’ils sont de leurs intérêts propres, au détriment des ceux du peuple Centrafricain.  

DANS LE CHAOS, IL Y A TOUJOURS L’ESPOIR DE RECONSTRUCTION

           La configuration militaro-politique en République Centrafricaine ne présage rien de bon.  Un courant xénophobe commence à apparaître au sein de la population. Dans certains quartiers, les Tchadiens sont pris à partie. Une jeune journaliste de la radio communautaire Bé oko a été tuée à Bambari pendant la conquête de la ville par les rebelles Par ailleurs, des stocks alimentaires des Nations-Unies ont été pillés par des centaines de Banguissois, affamés et en colère. La distribution de l’aide humanitaire est suspendue. Des Banguissois traversent le fleuve pour se réfugier à Zongo en R.D.C. (République Démocratique du Congo). Les Centrafricains doivent se souvenir  que leur pays est l’un des rares en Afrique à avoir une unité linguistique, grâce à laquelle, avant l’apparition de Bokassa et de ses successeurs, le tribalisme et les discriminations entre les ethnies étaient inexistants : tous les Centrafricains parlent Sango, la langue nationale. Vecteur d’unité nationale, au-delà des Ethnies.

 Est-il présomptueux de penser, et de comparer, les problèmes militaro-politiques de la  République Centrafricaine du chaos malien ? La tentation de répondre oui est forte. Au Mali, ce sont les fous de Dieux, ces enfants perdus de l’Islam qui ont semé le chaos. En Centrafrique, dans les rangs de la Seleka, il y’a beaucoup de musulmans venus du Tchad voisin…  

          Il faut espérer que l’ombre et l’esprit de Barthélémy Boganda guidera les pas de ceux qui prétendent diriger la République Centrafricaine.

A.    DE KITIKI

 

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