CANADA : UNE IMMIGREE CHEF D'ETAT DU CANADA

27 Septembre 2005 , Rédigé par LE MONDE Publié dans #NOUVELLES DU MONDE

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Michaëlle Jean pendant son discours à la tribune du Sénat canadien. | AP/TOM HANSON
AP/TOM HANSON
Michaëlle Jean pendant son discours à la tribune du Sénat canadien.
Une immigrée haïtienne devient le nouveau chef de l'Etat du Canada
LEMONDE.FR | 27.09.05 | 21h19  •  Mis à jour le 28.09.05 | 09h29


e Canada a, depuis mardi, un nouveau chef d'Etat : Michaëlle Jean, une ex-journaliste née à Haïti, première noire à occuper le poste largement symbolique mais prestigieux de représentante de la reine Elizabeth II d'Angleterre, chef d'Etat officiel du Canada. L'ex-journaliste québécoise est devenue mardi, pour cinq ans, la 27e gouverneure générale du Canada. Elle est la troisième femme à accéder à cette fonction. Mme Jean succède à Adrienne Clarkson, née à Hongkong et elle aussi immigrante.

 

Essentiellement protocolaire, son rôle consiste aussi à promouvoir l'unité nationale, toujours fragile dans ce vaste pays d'une grande diversité culturelle, marqué par des clivages linguistiques et régionaux. Mais le chef de l'Etat peut aussi jouer un rôle-clé puisqu'il lui appartient de choisir le premier ministre dans le cas peu fréquent où des élections ne dégagent pas de majorité claire.

 

Michaëlle Jean, 48 ans, avait la double nationalité canadienne et française. Mais elle a renoncé à sa citoyenneté française, deux jours avant son entrée en fonctions, pour faire taire ceux qui s'étonnaient que le "commandant en chef des forces canadiennes" puisse aussi être une ressortissante de la République française.

Mme Jean est arrivée au Québec en 1968 avec sa famille qui fuyait le régime dictatorial à Haïti. Après des études de littérature et de langues, elle était devenue une journaliste connue de la radiotélévision publique Radio-Canada, profession qu'elle exerçait jusqu'à sa nomination.

SOUPÇON D'INDÉPENDANTISME

 

Répondant à ceux qui l'ont soupçonnée de sympathies pour le séparatisme québécois, Mme Jean s'est livrée à un plaidoyer en faveur de l'unité canadienne dans son discours d'intronisation. "Il est fini le temps des 'deux solitudes' qui a trop longtemps défini notre approche de ce pays", a-t-elle lancé, faisant allusion aux conflits entre la majorité anglophone et la minorité francophone, concentrée au Québec. "L'étroitesse du 'chacun pour soi' n'a plus sa place dans le monde actuel, qui exige que nous apprenions à voir au-delà de nos blessures et de nos différends pour le bien de l'ensemble", a-t-elle ajouté en français et en anglais, les deux langues officielles du pays.

 

 

 

 

Sa nomination avait d'abord été bien accueillie dans l'ensemble du pays, mais les choses se sont gâtées le mois dernier après des révélations d'une publication souverainiste sur ses sympathies présumées et celles de son mari pour l'indépendance du Québec. La polémique avait pris une telle ampleur que Mme Jean, longtemps silencieuse, avait été contrainte de publier une brève déclaration exprimant son attachement aux institutions du Canada et affirmant que ni son mari ni elle n'ont jamais "adhéré à l'idéologie souverainiste".

Le Québec a tenu deux référendums sur la souveraineté en 1980 et 1995, rejetant de justesse la seconde fois la séparation avec le Canada. Les Québécois sont toujours partagés à environ 50-50 sur la question de l'indépendance. Un sondage publié mardi par le grand quotidien Globe and Mail  laisse apparaître que 71 % des Québécois sont favorables au choix de Mme Jean, contre seulement 38 % dans le reste du pays. En revanche, seulement 23 % des Québécois souhaitent le maintien des liens avec la monarchie britannique, contre 55 % de Canadiens dans les autres provinces.


Avec AFP

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