Guinée Conakry : Espoir de sortie de crise, dans l'attente d'un Premier ministre

26 Février 2007 , Rédigé par A.F.P Publié dans #NOUVELLES D'AFRIQUE


La Guinée se rapprochait lundi d'une sortie de crise, un mois et demi après le début d'une grève générale qui doit être suspendue mardi, les syndicats ayant reçu l'assurance du président Lansana Conté qu'il nommera d'ici vendredi un nouveau Premier ministre "de consensus".

Le dernier jour de la grève générale était très bien suivi lundi dans l'ensemble du pays, où devaient être organisés des offices religieux consacrés aux victimes de la répression policière de la contestation des dernières semaines.

A l'issue d'une réunion de "conciliation" convoquée dimanche par des médiateurs régionaux, le président Conté a accepté de remplacer son Premier ministre contesté Eugène Camara et de choisir son successeur parmi quatre candidats proposés par la société civile et les syndicats.

En l'attente du choix du chef de l'Etat, les syndicats ont décidé de suspendre mardi, sans la lever, la grève générale illimitée lancée le 10 janvier et réactivée le 12 février après une première pause.

La grève a été accompagnée par une vague de contestation contre le pouvoir durement réprimée, qui a fait au moins 113 morts.

Si aucune manifestation de joie particulière n'a été constatée dimanche dans ce pays accablé par la pauvreté, ce début de dénouement fait naître un certain optimisme après plusieurs semaines de paralysie totale.

"Je suis content, je pense que plus rien ne sera comme avant en Guinée", s'enthousiasmait lundi Mamadou Saliou Baldé, vendeur de vêtements au marché Niger (centre de la capitale), qui attend toutefois mardi pour rouvrir son échoppe.

La prudence reste néanmoins de mise parmi les acteurs de la crise, qui soulignent que le président Conté, au pouvoir depuis 23 ans, a déjà démontré sa capacité à changer radicalement d'avis du jour au lendemain. Il a en outre usé plusieurs Premiers ministres par le passé.

"Il faut rester prudent et lui faire sentir que la pression est constante. Il n'a pas l'habitude de laisser ses Premiers ministres travailler", a affirmé l'opposant Mamadou Bâ. Même si le Premier ministre aura désormais statut de chef de gouvernement, tous ses décrets devront être signés par un président âgé de 72 ans, malade et souvent absent de la capitale.

"Il doit y avoir un +monitoring+ efficace, nous avons insisté là-dessus auprès des médiateurs de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest) car on connaît bien le bonhomme", explique de son côté Ben Sékou Sylla, président du Conseil national de la société civile.

En outre, la tâche ne sera pas simple pour le futur gouvernement, qui doit engager de profondes réformes et lutter sans merci contre la corruption, un des principaux maux à l'origine de la crise économique et sociale du pays.

Pour s'assurer du respect des engagements des autorités, l'ex-chef de l'Etat nigérian Ibrahim Babangida, qui a mené une médiation décisive au nom de la Cédéao, doit revenir vendredi à Conakry afin d'y rencontrer M. Conté.

"Nous espérons que, cette fois, Conté a compris le message. Il y a la garantie morale de la Cédéao qui nous rassure", a déclaré à l'AFP le leader syndical Ibrahima Fofana.

Selon lui, M. Babangida a annoncé l'installation prochaine à Conakry d'un bureau permanent de la Cédéao, notamment pour surveiller l'application des accords conclus par le gouvernement et les syndicats.

La plupart des commerces, administrations et écoles étaient fermés lundi dans la capitale comme dans les autres principales villes du pays, où l'activité demeurait très réduite, ont constaté des journalistes de l'AFP et des habitants joints au téléphone.

Dans tous les lieux de culte musulmans et chrétiens étaient prévus des offices consacrés aux victimes tuées lors de la répression policière.

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