Augusto Pinochet est mort

10 Décembre 2006 , Rédigé par LE NOUVEL OBSERVATEUR Publié dans #NOUVELLES DU MONDE

Augusto Pinochet est mort

AP | 10.12.2006 | 21:51 

Augusto PinochetL'ancien dictateur chilien Augusto Pinochet, qui avait renversé le président démocratiquement élu Salvador Allende lors d'un coup d'Etat sanglant en 1973, avant de diriger le pays pendant 17 ans, est mort dimanche, à l'âge de 91 ans. Sa disparition anéantit les espoirs des victimes de son régime de le voir un jour traduit devant la justice.

Le Dr Juan Ignacio Vergara, porte-parole de l'équipe médicale qui le soignait, a annoncé que plusieurs personnes de sa famille étaient à ses côtés quand il est décédé à l'hôpital militaire de Santiago où il était hospitalisé depuis une semaine, après avoir été victime d'un infarctus le 3 décembre.

La police a déployé un cordon de sécurité autour de l'hôpital, devant lequel plusieurs centaines de partisans de l'ancien dictateur, certains pleurant, se sont rassemblés, criant: "Pinochet! Pinochet! Vive Pinochet!"

Des automobilistes anti-Pinochet leur ont lancé des insultes, et des scènes de liesse ont éclaté dans plusieurs quartiers de la capitale chilienne.

Hugo Gutierrez, un avocat engagé dans plusieurs procès contre Pinochet, a déploré que "ce criminel soit parti sans avoir jamais été condamné pour tous les actes dont il a été responsable pendant sa dictature".

Lorena Pizarro, présidente de l'Association des parents des victimes de la dictature, a qualifié Pinochet de génocidaire. Elle a trouvé ironique le fait qu'il soit mort "le 10 décembre, la journée internationale des droits de l'Homme".

Mais l'ancien Premier ministre Margaret Thatcher, une des plus proches alliées d'Augusto Pinochet en Grande-Bretagne, s'est, elle, déclarée "très attristée" par sa mort, selon ses services. De son côté, le gouvernement britannique a "pris acte" de son décès.

Selon la brève annonce de l'hôpital militaire de Santiago, l'ancien dictateur est mort de complications cardiaques, à 14h15 (17h15 GMT, 18h15 heure française). Son état s'est soudainement aggravé, et il a été transféré en urgence au service des soins intensifs, qu'il avait quitté jeudi.

Dans la matinée, des membres de sa famille s'étaient réunis pour assister à une messe en son honneur et pour fêter le 84e anniversaire de son épouse.

L'homme qui dirigea l'une des dictatures les plus sanglantes d'Amérique latine (1973-1990) après avoir renversé Salvador Allende, avait été victime d'un infarctus dans la nuit du samedi 2 au dimanche 3 décembre. Ses médecins, qui avaient effectué une angioplastie pour élargir l'artère touchée après sa crise cardiaque qualifiée de sévère, avaient jugé mardi qu'il était hors de danger.

Avant d'être hospitalisé, le général à la retraite était assigné à résidence dans la banlieue de Santiago depuis son inculpation, une semaine plus tôt, pour deux meurtres commis par la "caravane de la mort" sous sa dictature.

Le 25 novembre, jour de son 91e anniversaire, l'ancien dictateur a publié le message suivant: "Aujourd'hui, à l'approche de la fin de mes jours, je veux dire que je n'entretiens aucune rancoeur contre quiconque, que j'aime ma patrie par-dessus tout et que j'assume la responsabilité politique de tout ce qui a été fait et qui n'avait pas d'autre but que de grandir le Chili et d'éviter sa désintégration".

Augusto Pinochet était inculpé dans trois affaires concernant des violations des droits de l'Homme commises pendant ses années au pouvoir, et pour évasion fiscale. Il n'a toutefois jamais été condamné.

Ses obsèques font déjà l'objet d'une polémique. La présidente Michelle Bachelet, qui a été emprisonnée et maltraitée pendant sa dictature, a déclaré récemment: ce serait "une violation de ma conscience" d'assister à des funérailles d'Etat pour lui.

Le fils de Pinochet, Marco Antonio, a affirmé pour sa part que son père avait demandé à être incinéré pour éviter une profanation de sa tombe par "des gens qui l'ont toujours détesté". Il est probable qu'il ait des funérailles militaires.

Il laisse derrière lui son épouse, Lucia, qui dirigeait une association bénévole de femmes, consacrée à l'aide aux plus démunis, deux fils et trois filles. AP

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