ELECTIONS EN CENTRAFRIQUE : LA DEFAITE DES HOMMES DIGNES ET INTEGRES

26 Mai 2005 , Rédigé par L'AVENIR QUOTIDIEN Publié dans #CENTRAFRIQUE INFOS

 

 

Un exemple d'élégance politique.
(L'Avenir Quotidien 27/05/2005)


Qui a dit que l'élégance politique n'était pas africaine !
Les résultats du second tour de la présidentielle centrafricaine qui s'est tenu le 8 mai dernier ont été rendus publics mardi à Bangui.

Selon le verdict des urnes qui est tombé avant-hier, le président sortant François Bozizé l'a emporté avec 64,6% des voix contre son adversaire l'ex-Premier ministre Martin Ziguélé qui n'a lui réuni que 35% des suffrages. Comme tout le monde le sait, cette élection du nouveau président de la Centrafrique est sensée mettre un terme à cette transition mouvementée comme il y en a dans plusieurs pays en Afrique.

Il y a beaucoup de faits qui méritent d'être examinés dans ce processus électoral. Mais pour le moment ce qui a retenu particulièrement notre attention c'est l'attitude du candidat perdant Martin Ziguélé.

Aussitôt informé du verdict des urnes qui proclamait son adversaire vainqueur, M. Ziguélé s'est incliné devant cette décision, déclarant que c'était là le peuple centrafricain souverain qui venait d'exprimer sa volonté, et qu'il n'avait qu'à la respecter.

Il a enchaîné en présentant ses sincères félicitations à l'heureux gagnant qu'il a invité à travailler pour le bien de tous les Centrafricains.

A tout prendre, on se croirait aux Etats-Unis d'Amérique ou en Europe Occidentale où l'alternance au pouvoir est un acquis de la pratique politique, de sorte que gagner ou perdre est un résultat incontournable de toute compétition, et chacun des challengers ne peut expérimenter que l'un de deux.

C'est pourtant arrivé en cette Afrique des contradictions. La réalité est que tout n'est pas allé pour le mieux comme dans le meilleur des mondes, pour Martin Ziguélé représentant de l'opposition centrafricaine. Il avait de quoi être amer et appeler au soulèvement populaire. Tenez ! Ex-chef d'état-major de l'armée centrafricaine, François Bozizé, a fomenté une rébellion qui l'a aidé à prendre le contrôle de Bangui le 15 mars 2003, avec l'appui des troupes tchadiennes, pendant que le chef de l'Etat, Ange-Félix Patassé, était en déplacement à l'étranger. L'opposition pouvait, au vu de ce résultat l'accuser d'avoir mis en place des institutions de transition qu'il a manipulées pour rétablir un ordre constitutionnel taillé à sa mesure. Au contraire, elle s'est dépassée, par le canal de son représentant, pour ne considérer que l'essentiel.

C'est ce qu'on a perçu à travers les réponses de Martin Ziguélé à un représentant des médias qui lui rappelait la présence des militaires dans certains bureaux de vote le jour de l'élection. M. Ziguélé a reconnu les faits, pour répondre à la fin que cela était une bavure alors, sur le plan de la loi.

Mais que pour le résultat final, c'était irréversible. Il considérait que le peuple centrafricain a trop souffert des turpitudes politiques qu'il ne pouvait être question de lui en imposer davantage. Au lieu de chercher à toujours remettre en cause les résultats d'une phase du processus en cours, Martin Ziguélé a préféré considérer cela comme un terrain d'entente à partir duquel les centrafricains peuvent se concerter pour un nouveau départ vers la concorde nationale.

C'est là un exemple de patriotisme, d'abnégation et d'élégance politique. M. Ziguélé est un intellectuel confirmé, dont l'instruction épouse harmonieusement les valeurs morales. Ceci explique cela. C'est une expérience vécue dans un contexte similaire à celui de la République démocratique du Congo, à tous points de vue.

Puissent nos politiciens s'en inspirer afin de sortir ce pays des griffes de l'égocentrisme et de l'obsession du pouvoir pour le pouvoir. Qu'il s'élève aujourd'hui des Ziguélés en Rdc, animés de l'amour de la patrie et de l'esprit de conciliation, qui aient un ascendant positif et libérateur sur le peuple, et l'amènent à la réconciliation nationale.Qui a dit que l'élégance politique n'était pas africaine, avons-nous dit.



Par J. Marcel Mbuyi

 

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