GABON - PRESIDENTIELLE 2005 : OMAR BONGO LARGEMENT FAVORI

25 Novembre 2005 , Rédigé par COURRIER INTERNATIONAL Publié dans #NOUVELLES DU MONDE

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Présidentielle: Bongo gagnera de nouveau
(Courrier International 25/11/2005)
( 25/11/2005)


Les Gabonais sont appelés à voter dimanche pour un scrutin présidentiel dont le grand favori est le doyen des chefs d'Etat africains Omar Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 1967, qui brigue un nouveau septennat face à quatre candidats d'une opposition divisée.
La campagne électorale officielle, qui n'a duré que treize jours, l'a été au seul bénéfice du président sortant, tant les moyens déployés pour assurer sa réélection étaient faramineux. Alors qu'Omar Bongo et sa coalition hétéroclite de plus de 40 partis ont monopolisé médias publics et espaces publicitaires, les candidats d'opposition ont eu le plus grand mal à tenir des meetings.

Barricades, jets de pierres, avions "disparus", places publiques déjà louées par la majorité présidentielle... l'opposant "radical" Pierre Mamboundou, 59 ans, et l'ex-baron du régime passé dans l'opposition Zacharie Myboto, 67 ans, ont dû annuler nombre de réunions publiques, accusant le pouvoir de les "empêcher de battre campagne". La campagne s'est tendue sur sa fin, chaque déplacement de MM. Mamboundou et Myboto étant émaillé d'incidents. Le ministère de l'Intérieur a interdit les marches jusqu'au scrutin.


Omar Bongo en campagne présidentielle le 19 novembre 2005 à Lastourville (Gabon)
© AFP Desirey Minkoh
Déjà largement favorisé par le mode de scrutin majoritaire à un tour, opportunément modifié en 2003, Omar Bongo, 69 ans, a pu traverser le pays à un rythme effréné grâce à une impressionnante flotte aérienne. A chaque étape, sa caravane a distribué sans compter des cadeaux à des Gabonais déjà pourvus en T-shirts, casquettes et affiches estampillés "Omar Bongo 2005" et multiplié les promesses en matière d'emploi, santé, éducation...

Face à ce rouleau-compresseur, l'opposition n'a pu présenter qu'un front divisé avec, outre MM. Myboto et Mamboundou, les candidatures anecdotiques des chefs de deux petits partis, Augustin Moussavou King et Christian Maroga.

Arrivé deuxième avec 16,5% des suffrages lors de la présidentielle de 1998, le "pur et dur" Mamboundou a fait campagne sur le thème "quarante ans, ça suffit", espérant rallier la grande majorité de nombreux laissés-pour-compte du boom pétrolier.

Sur le même registre, l'ex-ministre Myboto a dénoncé la "gabegie" et la "corruption" du régime. Mais ses détracteurs l'ont accusé de critiquer un système dont il a été l'un des principaux artisans.

Les deux têtes d'affiche de l'opposition ont brandi la menace d'une "fraude massive" en préparation pour le scrutin, qui a commencé vendredi pour les forces de sécurité et doit se poursuivre dimanche pour les 560.000 électeurs inscrits. Tous deux ont assuré que leurs partisans ne se laisseraient pas voler la victoire. La garde rapprochée du président-candidat a riposté en les accusant de préparer des troubles sitôt proclamée la victoire de leur champion.

Les Gabonais n'ont suivi que de loin ces joutes électorales, pour la plupart convaincus du succès d'un homme dans lequel ils ne semblent plus placer grand espoir pour, après 38 ans de pouvoir, inverser la tendance à l'appauvrissement du pays.

L'élection a relancé les spéculations sur la succession d'Omar Bongo. L'intéressé a fait savoir qu'il proposerait "trois ou quatre" dauphins parmi lesquels ils pourront choisir son successeur. Mais s'est bien gardé de dire quand il le ferait.

Dans un scrutin qui semble joué d'avance, l'abstention pourrait s'avérer le principal adversaire d'Omar Bongo Ondimba.

"Les Gabonais ne croient plus en un système politique devenu totalement artificiel", relève le sociologue Anaclet Bissiélo. "Le risque de les voir bouder massivement le scrutin du 27 novembre ne doit pas être négligé".


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