CENTRAFRIQUE/REBELLION - INTERVENTION DE L'ARMEE FRANçAISE : ENTRE ACCORDS DE DEFENSE ET PROMOTION DE LA DICTATURE

1 Décembre 2006 , Rédigé par LIBERATION Publié dans #CENTRAFRIQUE INFOS

L'armée française au feu en Centrafrique
(Liberation 01/12/2006)
( 01/12/2006)


En Centrafrique, l'armée française est engagée depuis lundi dans des combats contre des rebelles, qui se déroulent dans une région voisine du Tchad et du Soudan. La France se retrouve ainsi dans la position qu'elle voulait éviter : aux premières loges d'un conflit dans une zone très instable, aux portes du Darfour.

Drôle de retournement de l'histoire. En 1997, Paris, lié à son ancienne colonie par un accord de défense, s'était désengagé en fermant ses deux bases militaires (Bangui et Bouar) pour des raisons d'économie. Dix ans plus tard, les soldats français sont de retour pour soutenir le président François Bozizé. Celui-ci dispose de 5 000 hommes, «dont 1 500 seulement sont réellement en mesure de combattre» , affirme une source militaire française.

Sur le terrain, une quinzaine de conseillers militaires français, issus du Groupement des commandos parachutistes (GCP), encadrent une colonne de soldats des Forces armées centrafricaines (Faca), qui tente de reconquérir les localités contrôlées par les rebelles. Cette colonne a fait l'objet, hier, d'une «forte résistance» de la part des rebelles, à hauteur de Ouadda. Sa progression est appuyée par des Mirage F1 français, basés au Tchad, qui ont tiré hier à deux reprises avec leurs canons.

Opération aéroportée. Lundi, les Faca avaient repris la ville de Birao (800 km au nord de Bangui) au cours d'une opération aéroportée, rendue possible, là encore, grâce à l'aviation française. C'est durant la préparation de cette opération que des combats impliquant des militaires français avaient déjà eu lieu. Alors que des «éléments de reconnaissance» s'assuraient que la piste de Birao pouvait être utilisée par les avions Transall, ils ont été pris à partie par les rebelles. Selon l'état-major français, les rebelles disposent d'un arsenal sérieux : des mitrailleuses de 14,5 mm et des mortiers. Un Mirage F1 a détruit deux véhicules et les combats ont fait au moins sept morts chez les rebelles.

L'engagement français est bien réel. Trois cents militaires français, qui bénéficient des moyens aériens basés à N'Djamena, sont présents dans le pays. «Nous fournissons une aide à la planification et à la conduite des opérations», indique-t-on à l'état-major. En clair : les Français encadrent l'armée locale, d'autant que la France assure également «le renseignement, la logistique et la formation» des Faca.

Inquiétude. Face à eux, des partisans de l'ancien président Ange-Félix Patassé et des soldats en rupture de ban avec celui qui l'a déposé, en mars 2003 : le général François Bozizé, élu président l'an dernier. Mais aussi des Tchadiens qui combattent le régime d'Idriss Déby. Ce sont eux qui inquiètent le plus Paris. «Il s'agit pour la France d'envoyer un signal politique aux rebelles tchadiens : Paris ne les laissera pas s'installer au nord de la Centrafrique» , assure un conseiller français de Bozizé.

Par Thomas HOFNUNG, Jean-Dominique MERCHET
QUOTIDIEN : vendredi 1 décembre 2006

© Copyright Liberation

Partager cet article

Commenter cet article