TRAUMATISÉS PAR L'INSÉCURITÉ ET LE PILLAGE , LES EXPATRIÉS FRANçAIS FUIENT BANGUI

29 Mars 2013 , Rédigé par FRANCE 24 Publié dans #CENTRAFRIQUE INFOS

DownloadedFile-copie-4.jpegFuyant l’insécurité et traumatisés par les pillages, de nombreux ressortissants français fuient Bangui. Avec la réouverture de l’aéroport jeudi, un premier vol commercial a pu quitter la capitale centrafricaine pour Paris. Reportage.

Par Sarah SAKHO , envoyée spéciale RFI/FRANCE 24 à Bangui (vidéo)

FRANCE 24 

Quatre jours après la prise du pouvoir par la Séléka en Centrafrique, Bangui, la capitale est de nouveau reliée au monde. L'aéroport qui était jusqu'ici fermé et sous sécurité française a rouvert. De nombreux ressortissants français ont pu quitter Bangui par le premier vol commercial jeudi matin, fuyant l’insécurité ambiante et les pillages. Les journalistes de FRANCE 24 sont allés à leur rencontre.

Durant le week-end, la France avait renforcé son dispositif militaire en Centrafrique, déployant quelque 550 soldats pour protéger les 1 250 Français qui vivent dans le pays. Au ministère des Affaires étrangères, la consigne est restée la même : pas d’ordre d’évacuation, mais seulement d’accompagner les Français qui en ont besoin.

Et c’est pour faire parvenir ces ressortissants à l’aéroport que les autorités françaises ont dû intervenir. "Notre plus gros souci a été de les évacuer vers l'aéroport, on a dû mobiliser des camions de l'armée et de l'ONU parce qu'il fallait traverser des quartiers tendus", a expliqué à l’AFP une source diplomatique.

Traumatisme des pillages

Depuis dimanche, la plupart des expatriés de Bangui vivaient terrés chez eux ou réfugiés sur certains lieux de regroupement, notamment à l'ambassade française, à l'Institut pasteur de Bangui et dans le quartier des coopérants militaires, aussi appelé "Les 17 villas".

Arrivé à l’aéroport dans le convoi hautement sécurisé, Jean Thirion, un touriste belge, se dit soulagé de partir. "Ça fait un chahut monstre, et ça résonne dans les maisons", dit-il évoquant les affrontements.

"Je me planquais plus ou moins", raconte-t-il. "Il y a eu un peu de pillage, bien sûr. La voiture que j'avais louée est évidemment partie", poursuit le touriste. "Bon, il me reste quand même ma valise", sourit-il résigné.

La tension est à son comble pour ces personnes qui ont vécu, terrorisées, le coup de force de la Séléka. Rares sont ceux qui n’ont pas reçu la visite d’hommes en armes ces derniers jours. Le traumatisme de ces pillages est encore vif. "C’était un cauchemar", raconte au micro de FRANCE 24 une touriste française de Bangui, encore sous le choc. "Ils sont rentrés dans l’hôtel, et ont demandés les clés des 4x4. Ils ont ensuite dit qu’ils reviendraient prendre notre argent. On attendu toute la journée, et finalement ils ne sont pas revenus".

Une résidente de Bangui témoigne, encore sous le coup de l’émotion : "Les Séléka sont rentrés chez moi, armés", raconte-t-elle avec un mélange de crainte et d’indignation. Son avenir dans le pays reste incertain. "Si les choses changent comme il se doit, je reviendrai, dit-elle. Mais si c’est toujours cette situation avec les Séléka, je ne pense pas".

 

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