SE DISANT LÂCHÉ PAR LA FRANCE ET LE TCHAD,BOZIZÉ RECHERCHE LE SOUTIEN MILITAIRE DE SÉOUL

4 Novembre 2010 , Rédigé par CAP Publié dans #CENTRAFRIQUE INFOS

photo_1_v2.jpgDéjà reportées plusieurs fois, les incertitudes qui pèsent sur la tenue des élections présidentielles et législatives groupées de la République centrafricaine du 23 janvier 2011 ne portent pas seulement sur le calendrier de ces consultations populaires mais aussi et surtout, sur l’attitude du président sortant et candidat à sa propre succession, François Bozizé. Que fera le président sortant si le verdict des urnes lui était défavorable ?

En dépit de ses déclarations officielles selon lesquelles il s’inclinerait naturellement et passerait la main au vainqueur des urnes, plusieurs sources d'informations crédibles émanant de son proche entourage font état de confidences et de propos franchement inquiétants de Bozizé qui ne laissent planer aucune ambiguïté sur son refus de quitter le pouvoir s’il était battu aux élections. A l’entendre parler, en Afrique, celui qui organise les élections ne les perd pas. Il feint d’oublier qu’en 1993 en Centrafrique même, le président sortant André Kolingba a organisé des élections qu’il a perdues. Il n’a même pas réussi à se qualifier pour le second tour.  

 Après plus de sept ans d’exercice du pouvoir, Bozizé est conscient que les élections s’annoncent très mauvaises pour lui. Son bilan dont il ose dire qu’il parle pour lui, est plutôt désastreux dans presque tous les domaines. Si son taux de popularité dans le pays est au ras du plancher, celui de son adversaire Martin Ziguélé qu’il redoute le plus est en revanche au diapason et c’est ce qui le plonge totalement dans le doute. Convaincu que Martin Ziguélé part déjà vainqueur aux urnes contre lui avec le soutien de « l’extérieur », Bozizé confie néanmoins à ses proches qu’il ne se laissera pas faire.   

Ayant eu recours comme on le sait, à des moyens non constitutionnels pour ne pas parler de coup d’Etat ou putsch, pour parvenir au pouvoir en mars 2003 - le président François Bozizé - dont le premier mandat constitutionnel de cinq ans issu des élections présidentielles de 2005 a pris fin le 11 juin 2010 -  redoute terriblement le retour du parti MLPC au pouvoir, perspective synonyme selon lui, de vengeance et de règlements de comptes. C’est la raison essentielle pour laquelle pour lui, même si tout le monde vote Ziguélé, il ne devrait pas s’incliner devant le verdict des urnes.

Pour cela, il dit se voir dans l’obligation de s’armer partout dans le monde où cela est possible car la France et le Tchad ont pris leur distance avec lui sans qu'on ne comprenne pourquoi. C’est ainsi que selon nos informations toujours d’une source proche de la délégation qu’il vient d’envoyer effectuer récemment une mission en Corée du Sud, le soutien militaire de Séoul, surtout l’acquisition d’armes de guerre était au centre des entretiens. Cette délégation était composée du ministre Kotayé, de Rodrigue Bozizé, commandant de compagnie chargé des renseignements à l'aéroport de Bangui M'Poko, de Maxime Mokom Gawaka, chargé des renseignements à la Présidence et d’Aristide Reboas, ex DG du Bureau National de la Documentation.

Toujours d’après nos informations et en rapport avec sa folle course aux armements, des témoins ont vu Bozizé recevoir secrètement en audience après son récent retour de Chine, le commandant Abdulbaki Daoud, fils de l’ancien chef d'État-major de l’armée tchadienne et défunt général, Khalil Soumaine Daoud tué le 2 février 2008 lors de l’attaque des rebelles de l’est tchadien, pour lui proposer d’aller lui acheter des armes de guerre. Lorsqu’il fut chef rebelle exilé au Tchad, Bozizé avait été longuement hébergé à Ndjaména au domicile même du défunt général tchadien qui a énormément facilité son approvisionnement en armes pour sa rébellion. C’est la raison pour laquelle Il fait à présent recours au fils du général Daoud qui a dû voir comment son père procédait à l’époque pour ravitailler en armes le général rebelle centrafricain.  

Une fois les courses effectuées, Bozizé lui suggère de les entreposer à Sido à la frontière tchado-centrafricaine en attendant qu’on puisse les transférer dans le plus grand secret à Bangui. Il justifie sa démarche par les innombrables et insupportables fuites auxquelles donnent toujours lieu ce genre de mission délicate lorsqu’il les confie à des personnes de son entourage à qui il croyait pourtant pouvoir faire confiance mais qui ne sont jamais à la hauteur de la tâche. C’est notamment le cas d’Ibrahim Aoudou Paco, député de Carnot 1, qui lui a servi un moment d’intermédiaire avec la République Populaire de Chine pour la livraison de grande quantité d’armes chinoises en échange de diamants mais l’information a été ébruitée au grand dam de Bozizé.

On est légitimement fondé à s'interroger sur la source de financement de ces multiples acquisitions d'armes de guerre qui ne sont prévues ni par le budget national, ni par la loi de programmation militaire 2009-2013. Dans ces conditions, puisque Bozizé a autant d'argent à mettre dans l'achat d'innombrables arsenaux de guerre, pourquoi n'en met-il pas une partie dans l'informatisation des données électorales et le fonctionnement de la CEI dont les membres cumulent à ce jour sept mois d'arriérés d'indemnités ?

La preuve est ainsi faite aussi du désarroi profond dans lequel se trouve actuellement le président centrafricain à la veille d’élections jugées cruciales d’après tous les observateurs, aussi bien pour lui que pour son pays. Ses relations avec certains de ses pairs de la sous-région ne sont visiblement plus ce qu’elles étaient à son arrivée au pouvoir et se sont même détériorées depuis la disparition du président Omar Bongo Ondimba. Bozizé en est réduit à soupçonner et accuser certains d'entre eux qui l’avaient portant parrainé au début, de vouloir le renverser. C’est un indice probant de son isolement et d’un avenir plus qu’incertain.

Rédaction C.A.P

Partager cet article

Commenter cet article