CENTRAFRIQUE : LES REBELLES AVANCENT ET ACCUSENT
Au lendemain d’une nouvelle avancée des rebelles de la Séléka, les divisions s’accentuent entre cette coalition, depuis peu membre du gouvernement d’union nationale, et le pouvoir en place du président Bozizé.
Gambo, Bangassou et désormais Rafaï. Ville après ville, les membres de la Séléka n’en finissent plus de conquérir le territoire centrafricain. Ce lundi, les rebelles n’ont eu aucun mal à prendre le contrôle de Gambo et Bangassou. Aucune résistance de l’armée nationale face à eux et les voilà désormais maîtres des deux cités.
À en croire les informations révélées par le correspondant de RFI en Centrafrique, Hippolyte Donossio, ils auraient même poursuivi leur offensive, ce mardi, en prenant le contrôle de Rafaï. Alors que la ville serait désormais coupée du réseau téléphonique, les rebelles seraient d’ores et déjà en route pour Zémio.
Un peu plus de trois mois après le début de la rébellion armée face aux forces du président Bozizé, la Séléka continue son action à travers le pays. Pourtant, à mesure de leur avancée, en décembre dernier, aux abords de Bangui, la capitale centrafricaine, les rebelles ont contraint le pouvoir actuel à concéder une part de leur gestion du pays.
À l’issue des accords de Libreville, signés en janvier dernier, la Séléka a accepté de faire partie du gouvernement d’union nationale afin de résoudre les différends qui pourrissent les relations entre les proches du président Bozizé et les rebelles.
Figure de proue de cette rébellion, Michel Djotodia est ainsi devenu vice-premier ministre en charge de la Défense nationale. Mais si la rencontre de Libreville prévoyait un cantonnement des forces de la Séléka, de nombreux éléments rebelles y sont restés récalcitrants.
La Séléka et le parti au pouvoir s’accusent mutuellement de l’escalade des tensions
Et pour cause, ils accusent le président Bozizé d’avoir relancé les hostilités «par l’entremise de Monsieur Levy Yakité, son conseiller à la Présidence de la République en charge de la Jeunesse». Dans un communiqué obtenu par 45eNord.ca, le secrétaire général de la Séléka, Justin Kombo, dénonce le discours teinté de «haine», de «violence» et de «xénophobie» de M. Yakité, prononcé le 2 mars dernier, devant ce que M. Kombo considère comme «les jeunes de sa milice».
«Les persécutions, dont sont victimes ces personnes innocentes, se sont nettement accentuées, et bon nombre d’entre elles sont maintenues en détention, dans des conditions dégradantes et inhumaines, sans mise en examen préalable, ni jugement, et souvent sommairement tuées», a ainsi dénoncé M. Kombo.
Appelant le gouvernement d’union nationale à «adopter une position très ferme, au regard de ces atteintes constantes aux droits humains», le secrétaire général de la Séléka maintient les revendications de la coalition à l’égard du président Bozizé. «Le Conseil Suprême de la Séléka, conformément aux accords de Libreville de 2013, exige le départ immédiat des troupes étrangères à la sous-région, en l’occurrence les troupes sud-africaines et autres mercenaires du territoire national, ainsi que la libération immédiate des prisonniers», conclue-t-il.
Des accusations fortes pour des revendications permanentes
La Séléka n’accepte pas la stratégie du président Bozizé. Affaibli par une armée fuyant les affrontements, le général arrivé au pouvoir en 2003 parait de plus en plus esseulé à la tête du pays. Il semble même se détacher progressivement de ses principaux alliés régionaux. Face à la fermeté de la rébellion actuelle, sa légitimité est touchée, les populations sont meurtries.
Pour autant, Bangui n’abdique pas et le fait savoir. Après avoir fermement condamné ces récentes attaques, le porte-parole du gouvernement, Crépin Mboli Goumba, s’interroge sur la stratégie menée par la Séléka.
«Au moment où le gouvernement se penche sur les questions soulevées par la Séléka, il est absolument incompréhensible que ses éléments se livrent à ce genre d’attaque. Nous demandons à ces éléments de revenir à la raison, de laisser leurs représentants légitimes, qui travaillent déjà d’arrache-pied avec le gouvernement», a-t-il déclaré sur les antennes de RFI.
Entre l’impatience de la rébellion et l’affaiblissement de l’État, le dialogue peine à aboutir sur des résultats concrets. La méfiance, voire le mépris, de chacun des acteurs envers l’autre freine l’avancée des négociations. Au grand dam des populations centrafricaines.
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