À BANGUI , LES NAUFRAGÉS DU QUARTIER PK12

27 Mars 2014 , Rédigé par RFI Publié dans #CENTRAFRIQUE INFOS

pk12-bangui_0.JPGA Bangui, des milliers de musulmans vivent toujours dans deux enclaves encerclées par les anti-balaka, la première au PK-5 et la seconde au PK-12, deux quartiers de la capitale. Au PK-12, quelque 3 000 personnes rêvent de pouvoir rejoindre le nord du pays et attendent désespérément une aide internationale.

Environ 3 000 musulmans, dont 150 orphelins survivent au PK-12, l’une des deux dernières enclaves musulmanes de Bangui. Beaucoup de ces déplacés dorment à même le sol au bord de la route. La nourriture est rare, la sécurité tout autant. La plupart ont fui les violences, beaucoup ont perdu des enfants ou des parents. « Cela fait trois mois que je suis ici, trois mois que je dors dehors avec les enfants. Il y en a des malades, de fièvre jaune, de paludisme. Même moi je suis mal. On souffre trop », raconte Yaya, d’origine soudanaise, qui vit à Bangui depuis quarante ans.

Abdel Haffiz, professeur d’économie, est l’un des responsables de cette communauté naufragée. Pour lui l’avenir passe par l’exil vers le nord. « Tous ceux qui ont quitté leurs maisons et qui se sont retrouvés ici n’ont plus rien chez eux. Leurs maisons ont été pillées, détruites. Là où nous sommes, les gens sont démunis. On est menacés jour et nuit, on nous agresse tout le temps avec des armes, avec des grenades, et il n’y a personne pour nous protéger », s’indigne-t-il.

Anour Dibrine a tout perdu lui aussi. Désormais, son objectif est simple : partir pour Kabo, une ville où les musulmans sont majoritaires. « Kabo est mieux sécurisée. Ma femme et mes enfants sont déjà là-bas. Je ne reviendrai pas tant que la situation ici ne se sera pas calmée. Dans le pire des cas, le mieux serait de scinder le pays, avec les musulmans au nord et les chrétiens au sud », considère Anour.

Mais le dernier convoi sécurisé est parti il y a déjà un mois. Depuis plus rien. Chaque jour, les déplacés prient pour que les Nations unies affrètent un convoi. Mais rien ne bouge. Les déplacés du PK-12 se sentent abandonnés.

Les chefs religieux centrafricains rencontrent le pape François

Avec notre correspondant à Rome, Antoine-Marie Izoard

Ils continuent leur tour du monde. Après New York et les Nations unies où ils disent avoir obtenu des garanties pour le déploiement rapide d'une force de maintien de la paix de l'ONU, les leaders religieux centrafricains se sont entretenus avec le pape François. Pendant quelques minutes, en marge de la grande audience générale place Saint-Pierre, l’archevêque catholique, l’imam et le chef de la communauté protestante ont exposé au pape les épreuves que traverse leur pays.

Le chef de l’Église catholique a promis de parler du conflit centrafricain avec le président américain Barack Obama, qu’il rencontre pour la première fois ce jeudi. « Restez unis, ne laissez pas les événements vous diviser », a recommandé le pape en invitant les responsables religieux à bien rester proches de leur peuple. A leur tour, ils ont demandé au pape François de plaider en faveur d’une aide humanitaire des pays riches à la République centrafricaine.

Au Vatican, les leaders religieux se sont aussi longuement entretenus avec le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, bras droit du pape François. Dès lors, le pape devrait prendre la parole à nouveau pour appeler à la paix en République centrafricaine. Une terre « souvent oubliée des hommes », avait-il notamment déploré le jour de Noël.

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