COTE D'IVOIRE : LES CONCLUSIONS DE "LA MEDIATION THABO MBEKI"

30 Août 2005 , Rédigé par LE MONDE Publié dans #NOUVELLES DU MONDE

Impasse ivoirienne
LE MONDE | 31.08.05 | 13h30


e mot n'est pas prononcé, mais c'est bien sur un échec que se termine la médiation sud-africaine en Côte d'Ivoire. Le président Thabo Mbeki a essayé pendant un an de rapprocher les diverses factions qui se déchirent dans le pays, jadis un des plus prospères du continent noir. Il a réussi à réunir les représentants du président ivoirien Laurent Gbagbo, les partis politiques de l'opposition officielle et les chefs de la rébellion qui contrôle le nord de la Côte d'Ivoire depuis 2002. Il est même parvenu à leur faire accepter un accord sur le principe d'une élection présidentielle qui devait se tenir le 30 octobre et sur les lois de nature à l'organiser le plus honnêtement possible.

Mais, comme pour les cinq autres "accords de paix" qui ont précédé la médiation sud-africaine, les divers protagonistes ne lisent pas les mêmes textes de la même façon. Alors qu'un accord a été trouvé sur l'identité des candidats susceptibles de se présenter à une élection présidentielle ­ "l'ivoirité" était une notion hautement controversée ­, le point d'achoppement concerne maintenant "l'identification des électeurs". La rébellion souhaitait que les lois électorales soient modifiées. Bien que le président Gbagbo n'ait pas obtempéré à la demande relayée par les médiateurs sud-africains, Thabo Mbeki a donné un satisfecit à son collègue ivoirien. Le geste a provoqué une crise de confiance entre la médiation sud-africaine et l'opposition ivoirienne.

L'Afrique du Sud s'en remet maintenant aux Nations unies. L'organisation internationale pourrait accorder à Laurent Gbagbo un délai supplémentaire, avec menaces de sanctions, pour organiser l'élection présidentielle, personne ne croyant plus à la possibilité d'organiser un scrutin le 30 octobre. Si toutefois la guerre civile, qui continue de couver, n'a pas repris d'ici là, malgré la présence des forces françaises de l'opération "Licorne" et des casques bleus de l'ONU...

La France, dont les efforts pour résoudre le conflit ivoirien ont été vains après le fiasco des accords de Marcoussis de janvier 2003, n'a aucune raison de se réjouir de l'échec sud-africain. Sans doute va-t-elle retrouver un rôle diplomatique plus actif avec le transfert du dossier au Conseil de sécurité de l'ONU, mais en tant qu'ancienne puissance coloniale elle n'a aucun intérêt à revenir au premier plan.

D'autre part, l'idée d'une "solution africaine aux problèmes africains", dont la France s'est aussi faite la championne, se révèle difficile à mettre en oeuvre. A cause de son poids économique et diplomatique, grâce à l'aura internationale de son premier président, Nelson Mandela, l'Afrique du Sud doit être le principal vecteur de cette politique. Elle a investi du temps et de l'argent pour résoudre d'autres conflits, au Burundi ou dans l'ancien Zaïre.

Elle ne peut cependant réussir sans un fort engagement de toute la communauté internationale. Au moment où une réforme du Conseil de sécurité pourrait donner un siège permanent à un pays africain, ce rappel arrive à point nommé.


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