RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE: Le pays toujours dans la « ceinture du sida »

28 Mars 2007 , Rédigé par irin Publié dans #CENTRAFRIQUE INFOS


Photo: Joseph Benamsse/IRIN
Aucun élément ne permet de se réjouir d'une éventuelle amélioration de la situation du VIH/SIDA, selon l'enquête MICS

BANGUI, 27 March 2007 (PlusNews) - La République centrafricaine (RCA) enregistre toujours l’un des taux de prévalence du VIH parmi les plus élevés au monde, ce qui souligne l’urgence d’intensifier les efforts, ont dit les Nations Unies à l’occasion de la publication d’une nouvelle enquête.

Le volet VIH de l’enquête à indicateurs multiples (MICS), menée avec le concours des autorités centrafricaines, et le soutien financier de plusieurs agences des Nations Unies et de partenaires internationaux, indique que la prévalence globale du VIH parmi les hommes et femmes âgés de 15 à 49 ans est de 6,2 pour cent, avec d’importantes disparités.

Ainsi, à l’échelle nationale, cette séroprévalence est presque deux fois plus élevée chez les femmes (7,8 pour cent) que chez les hommes (4,3 pour cent). Les zones urbaines sont près de deux fois plus infectées que les régions rurales (respectivement 8,3 et 4,3 pour cent), la région du Haut-Mbomou, aux frontières avec le Soudan et la République démocratique du Congo, dans l’est du pays, étant la plus touchée avec un taux de prévalence du VIH de 13,6 pour cent.

Ces résultats placent la RCA « parmi les pays à épidémie généralisée, mais avec tendance à concentration sur le plan géographique », a dit le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), dans un communiqué publié la semaine dernière pour annoncer les résultats de l’enquête.

Le volet VIH de l’enquête MICS, mené sur un échantillon de plus de 10 000 hommes et femmes, indique également que les taux de prévalence du VIH sont supérieurs à la moyenne nationale dans certaines catégories de population, comme « les hommes en uniforme, les professionnelles de santé de sexe féminin, les personnes instruites et les personnes vivant dans les ménages aisés ».

Le taux de prévalence indiqué dans le dernier rapport mondial sur l’épidémie 2006 du Programme commun des Nations Unies sur le sida (Onusida) était de 10,7 pour cent, faisant de la RCA le pays le plus touché par l’épidémie en Afrique centrale et le dixième au monde.

Dans son communiqué, l’UNFPA a insisté sur le fait que les résultats de l’enquête MICS n’autorisaient « aucune conclusion quant à la tendance de l’épidémie en RCA », entre autres parce que les précédentes enquêtes, dont celle de l’Onusida, se fondaient sur des populations spécifiques, telles que les femmes enceintes, et non sur la population générale.

Seule l’existence d’une enquête MICS réalisée en 2002 aurait permis de dégager des conclusions sur le cours de l’épidémie au cours des prochaines années, a dit l’UNFPA.

Malgré cette impossibilité de comparer les derniers résultats avec ceux d’une enquête précédente, « il est de notre devoir de souligner que le niveau de prévalence de l’infection à VIH observé par cette enquête ne devrait donner lieu à aucun sentiment de réjouissance ou d’auto-satisfaction », a dit le docteur Basile Tambashe, représentant de l’UNFPA en RCA, dans le communiqué.

« En effet, une simple comparaison des taux de prévalence par âge et par sexe trouvés en RCA avec ceux observés dans une dizaine de pays d’Afrique subsaharienne indique, quel que soit l’âge ou le sexe, l’accrochage de la RCA aux pays dits de la ‘ceinture du sida’, situés en Afrique orientale et australe et où on relève les prévalences les plus élevées au monde », a poursuivi M. Tambashe.

D’autre part, précise le communiqué, la prévalence atteint des niveaux inquiétants dans certains groupes d’âge, étant à deux chiffres parmi les adultes et l’étant potentiellement aussi chez les adolescents et les jeunes, qui n’ont pas encore fini d’être exposés au risque d’infection.

« La prévalence parmi les 40 ans et plus, quoique élevée, sous-estime l’impact de la pandémie de cette sous-population tout simplement parce que ceux qui ont été infectés plus tôt ont déjà succombé à la maladie ou sont déjà à un stade avancé de la maladie au point de ne pouvoir faire partie de l’enquête », a dit l’UNFPA.

L’agence onusienne a estimé que ces résultats soulignaient « l’urgence de mener des actions dans la population générale, renforcées par des programmes spécifiques en direction de certains groupes cibles ».

Elle a par ailleurs recommandé de prévoir, dans cinq ans, une autre enquête de sérologie sur la population, couplée avec une enquête de surveillance comportementale pour mieux suivre « les actions de riposte à mettre en oeuvre » et pour « une meilleure compréhension de la dynamique de la pandémie ».

ggs/ail


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