Chirac salue "l'Afrique qui gagne", des ONG fustigent l'aide aux dictateurs

13 Février 2007 , Rédigé par A.F.P Publié dans #NOUVELLES D'AFRIQUE

 

PARIS (AFP) - lundi 12 février 2007 - 18h54 - A deux jours du sommet Afrique-France à Cannes, un Forum organisé à l'initiative du président français Jacques Chirac a salué lundi à Paris "une Afrique qui gagne", tandis que dans le même temps des associations dénonçaient le soutien de la France aux dictateurs africains.

"Vous incarnez cette Afrique du renouveau. Celle qui évolue sans se renier, une Afrique en mouvement, qui change, qui bouge, qui gagne", a lancé M. Chirac à l'adresse de 60 scientifiques, chefs d'entreprises, artistes africains, venus de 40 pays africains donner des exemples de réussites de ce continent.

"Vos expériences réussies témoignent que le plus lourd des handicaps qui pèsent sur l'Afrique, ce sont, en réalité, les idées reçues et les a priori", a ajouté le président français, à l'origine de ces "Rencontres des réussites africaines" à La Villette, dans le nord-est de Paris.

Les intervenants, hommes d'affaires, fondateurs d'ONG, journalistes, ont raconté leurs parcours et évoqué les conditions à mettre en oeuvre pour que l'Afrique "réussisse". Ces "témoignages" déboucheront sur un texte présenté à Cannes.

François Traoré, burkinabé et président de l'Association des producteurs de coton africain (Aproca), a retracé son parcours de fils d'agriculteur qui a quitté l'école à 16 ans pour aider financièrement sa famille. Il participe aujourd'hui aux négociations internationales sur les échanges, de Cancun à Hong Kong. Pour lui, la solution aux difficultés de l'Afrique passe par "la société civile".

Babacar Ndiaye, ingénieur sénégalais créé en 1990 la Geaur (Générale des eaux et de l'assainissement urbain et rural). Il fustige la "malgouvernance" qui est "le principal obstacle" à l'essor de l'Afrique.

A l'autre bout de la capitale, les organisateurs d'un "Contre-sommet France-Afrique" dénonçaient le "mirage" de l'Afrique qui réussit et les "ingérences" de Paris sur le continent Afrique.

"Comment la France peut-elle dire qu'elle est pour la démocratie en Afrique alors qu'elle soutient des dictateurs qui bafouent les droits de leur peuple", s'est exclamée Odile Biyidi, présidente de l'association Survie, à l'origine d'un "Sommet citoyen France-Afrique" alternatif au sommet de Cannes.

Les participants ont lu un appel de la société civile africaine aux candidats à la présidentielle d'avril-mai en France, pour "en finir avec les errements de la Françafrique" et pour qu'ils s'engagent à construire un "nouveau contrat de génération".

"Officiellement, la France soutient l'initiative de transparence (lancée par le Premier ministre britannique Tony Blair en 2002 dans le but de pousser les industries extractives à publier ce qu'elles versent aux Etats africains) mais dans les faits c'est loin d'être clair", explique à l'AFP Grégoire Niaudet, de l'organisation "Publiez ce que vous payez".

Il a cité le cas du Congo-Brazzaville de Denis Sassou Nguesso, pays pétrolier, auquel la Banque mondiale a demandé des gages de bonne gouvernance pour réduire sa dette. Or "pendant ce temps la France réduit bilatéralement la dette de ce pays", explique-t-il.

Interrogés sur l'impact de l'offensive diplomatique et économique de la Chine en Afrique, les intervenants estiment qu'elle ne doit pas "être une excuse" invoquée par la France pour continuer à corrompre.

"Le gros problème qui se pose c'est qu'on est dans une relation de gouvernement à gouvernement qui n'est pas d'une transparence exemplaire et on peut craindre que ce qui se passe entre la France et l'Afrique se reproduise à une plus grande échelle avec des moyens bien plus importants", a néanmoins relevé Nathalie Marzano, du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD).

 

 

 

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