BOZIZE - PATASSE : AMIS D'HIER , ENEMMIS D'AUJOURD'HUI

27 Janvier 2007 , Rédigé par LE CONFIDENT Publié dans #CENTRAFRIQUE INFOS

BOZIZE-PATASSE: AMIS D'HIER, ENNEMIS D'AUJOURD'HUI

Quand les grands politiciens du monde disent qu'il n' y a aucune logique en politique, ils n'ont véritablement pas tort.

 En politique dit-on que le bien et le mal portent le même pantalon puisque des amis d'aujourd'hui peuvent devenir des ennemis jurés de demain car, la politique divise.

Ce cas de figure se vérifie actuellement sous le ciel politique centrafricain où, des amis inséparables d'hier sont devenus des véritables ennemis et se regardent en chiens de faïence.


Ces deux amis ne sont autres que l'ex président Ange Félix Patassé et le président actuel François Bozizé Yangouvonda. L'histoire politique de ces deux amis ne date pas d'aujourd'hui. On se rappellera que le 03 mars 1982, les généraux François Bozizé et Mbaïkoua par un coup d'Etat radiophonique qui a connu un échec, voulaient selon toute vraisemblance placer Ange Félix Patassé qui était en exil à la tête de l'Etat centrafricain. Après leur tentative manquée, ces derniers ont pris fuite pour se réfugier dans un premier temps dans le Nord centrafricain avant de traverser les frontières nationales.
Depuis cette date jusqu'en 1991, le pays ne vivait que sous le règne monopartiste. Mais dès 1991 et sous la pression des différentes forces vives de la nation, le Chef de l'Etat de l'époque le Général d'Armée André Kolingba s'est ouvert au multipartisme. Pendant les élections de 1993, les deux compagnons que sont François Bozizé et Ange Félix Patassé étaient tous deux des candidats à la magistrature suprême de l'Etat. Malheureusement pour François Bozizé, c'est le barbu national Ange Félix Patassé qui sera élu par le peuple centrafricain. Celui-ci déclarera solennellement qu'il « n'appartiendrait plus à sa famille, sa région, son ethnie mais au peuple centrafricain tout entier qui lui a placé sa confiance ». Une manière pour le nouveau Chef d'Etat démocratiquement élu de dire haut et fort que tirant sa légitimité du peuple, c'est au nom de celui-ci qu'il est appelé à présider aux destinées de la République.
Dépassé par les évènements qui ont voulu remettre en cause la légitimité des institutions républicaines, le président Ange Félix Patassé fera appel à son ancien ami d'hier qui n'est autre que François Bozizé pour prendre les commandes de l'Etat major des Forces Armées Centrafricaines (FACA). Il convient aussi de signaler que François Bozizé est aussi un MLPCiste pur et dur qui se reconvertira par la suite en opposant dudit parti puisque les intérêts et de surcroît politiques divisent.
Jusque là, tout allait bien entre François Bozizé et Patassé jusqu'en 2001 et après le coup d'Etat manqué du 28 mai de la même année revendiqué par le Général d'Armée Kolingba, les relations entre les deux hommes vont se détériorer petitement mais sûrement.
Le magistrat Joseph Bindoumi à qui le barbu national a confié les rênes de la Commission Mixte d'Enquête Judiciaire a peut-être vu la main « invisible » du Chef d'Etat major François Bozizé dans le putsch manqué du 28 mai 2001 et lui a adressé un mandat d'amener pour qu'il puisse s'expliquer. François Bozizé Yangouvonda qui ne voulait pas s'exécuter avait opposé une farouche résistance au niveau du PK 11 sortie Nord de la Capitale avant de prendre la direction du Nord où il s'érige en opposant armé du régime de son ancien ami Ange Félix Patassé.
De là, le divorce entre les deux amis est consommé et le 25 octobre 2002, la rébellion dirigée des mains de fer par l'ancien Chef d'Etat major le général François Bozizé tentera une première incursion infructueuse dans la Capitale centrafricaine.
Mais, le chef rebelle Bozizé qui n'en démord pas n'avait qu'un seul objectif, lequel a rencontré l'agrément de toutes les forces vives de la nation qui lui ont apporté tout leur soutien dans la fragilisation du régime démocratique du barbu national. Cet objectif est celui de renverser le régime de Patassé et c'est ce qui fut fait suite à la marche victorieuse de la rébellion ou encore des « libérateurs » sur Bangui le 15 mars 2003.
De là, une page est ainsi tournée dans l'histoire de la République Centrafricaine. Désormais, François Bozizé et Ange Félix Patassé sont devenus de véritables ennemis politiques qui se vouent une haine vengeresse assez démesurée.
L'homme fort du 15 mars 2003 organisera un dialogue « national » exclusif puisque l'ex Chef d'Etat renversé en la personne du président du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) Ange Félix Patassé ne fera pas partie de ce dialogue.
De même, pendant les périodes électorales, la candidature de Patassé fera l'objet de beaucoup de tergiversations et à ce sujet, l'homme fort de Bangui dira volontiers que Patassé est libre de rentrer à Bangui tout en sachant qu'il a des comptes à rendre à la Justice de son pays pour des crimes commis sous son règne.
Dans cette optique, le Chef d'Etat François Bozizé sans pour autant prendre radicalement position contre le retour de son ancien ami Patassé s'appuie sur la Justice désormais aux ordres du pouvoir pour conditionner le retour du barbu national.
Parallèlement à cela, le régime de Bangui qui fait face depuis quelques temps à une insécurité endémique dans la partie septentrionale du pays accuse solennellement le président déchu d'être à l'origine de cette situation qui a endeuillé de nombreuses familles centrafricaines. L'insécurité qui a élu domicile dans le Nord centrafricain a poussé les forces vives de la nation à solliciter des autorités centrafricaines, l'organisation d'un dialogue politique sans exclusive avec toutes les couches sociales. Nombreux sont les compatriotes qui se posent la question de savoir si l'ex président Ange Félix Patassé fera partie cette fois-ci du dialogue annoncé par le Chef de l'Etat lui-même. La présence de celui-ci à ce dialogue est tellement importante car elle permettra aux uns et aux autres d'avoir une idée sur les tenants et aboutissants des évènements dramatiques du Nord pour qu'ensemble, des solutions idoines soient trouvés pour le bien être social de tous les centrafricains.
Qu'à cela ne tienne, Ange Félix Patassé et François Bozizé sont des véritables ennemis qui se promettent la « vengeance » même au bout du canon.

Mercredi 24 Janvier 2007
Harly _ Schengen

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