CÔTE D'IVOIRE - PROCESSUS DE PAIX : LES IVOIRIENS OPTENT POUR LE DIALOGUE

Dialogue direct avec soro/ gbagbo: “banny n’est pas hors-jeu”

La crise ivoirienne a dominé le 31e sommet ordinaire de la CEDEAO qui s’est tenu hier à Ouagadougou, la capitale burkinabé.


La Conférence a salué la transformation du Secrétariat exécutif de la CEDEAO en Commission ainsi que la restructuration des Institutions de la CEDEAO pour les rendre plus efficaces en vue de leur permettre de remplir leur rôle dans le processus d’intégration et de développement et de mieux s’adapter à l’environnement international.
La Conférence a adopté des rapports qui portent essentiellement sur les programmes d’intégration et de coopération régionale, les questions institutionnelles, la paix et la sécurité régionale.
La Conférence a examiné la problématique des migrations et a reconnu qu’elle est un sujet de préoccupation majeure pour notre sous-région, en particulier parce qu’elle concerne les forces les plus vives de nos nations que constituent les jeunes. Les Chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé de l’aborder à travers une approche régionale concertée et d’accorder une attention particulière à la dimension de développement afin de régler le problème de la pauvreté qui encourage l’immigration. Ils ont décidé de mettre en place des financements adéquats, pour répondre aux besoins de développement de nos pays.
En ce qui concerne les négociations de l’Accord de partenariat économique entre la Commission européenne et l’Afrique de l’ouest, la Conférence a souligné qu’elles doivent contribuer aux objectifs de réduction de la pauvreté, et à cet égard, prendre en compte la dimension développement notamment en terme de renforcement de capacité d’offre, d’amélioration de la compétitivité et de mise à niveau des économies ouest-africaines.
Pour accorder davantage de crédibilité à la deuxième zone monétaire et à la réalisation de la monnaie unique de la CEDEAO, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont exhorté les Etats membres à redoubler d’efforts pour respecter les critères de convergence macroéconomique à travers une discipline budgétaire et des réformes structurelles plus strictes.
La Conférence s’est préoccupée des nombreuses entraves qui subsistent encore le long des axes routiers ouest-africains et aux frontières des Etats membres de la CEDEAO. Elle s’est félicitée de la décision du Conseil des ministres relative à la création des unités pilotes sur la libre circulation des personnes sur les tronçons de Lagos- Cotonou; Lomé-Accra; Abidjan-Ouagadougou; et Bamako-Conakry, ainsi que de la création d’un bureau central de coordination de suivi.
Le Sommet a exhorté les Etats membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre en œuvre le protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement.
Les Chefs d’Etat et de gouvernement se sont félicités de la mise en place d’une structure régionale pour la prévention et la lutte contre la grippe aviaire en Afrique de l’ouest.
S’agissant des télécommunications, le sommet a adopté une politique régionale de Télécommunication et un cadre de régulation qui couvre des aspects spécifiques du secteur tels que l’interconnexion par rapport aux réseaux du secteur des NTIC et des services, le régime des licences, la gestion du spectre des fréquences radio.
’agissant des infrastructures et de leur importance dans l’intégration et le développement des économies ouest-africaines, la Conférence a invité la Commission de la CEDEAO à accorder la priorité au développement de ce secteur. Elle l’a exhortée à procéder à la réalisation des tronçons restants des routes internationales, à l’interconnexion des réseaux de chemins de fer avec écartement standard. Cet objectif sera facilité, entre autres, par l’harmonisation des politiques dans le secteur des infrastructures. La Conférence a invité tous les Etats membres à mettre en œuvre toutes les décisions relatives à la réalisation de cet objectif.
En ce qui concerne le programme énergétique, la Conférence s’est félicitée des remarquables progrès enregistrés dans la construction du gazoduc. Elle a en outre noté avec satisfaction les avancées enregistrées dans la mise en place du système d’échanges d’énergie électrique de l’Afrique de l’Ouest (WAPP) chargé d’assurer l’interconnexion des réseaux électriques des pays pour résorber le déficit énergétique de la sous-région.
Les Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont passé en revue la situation sécuritaire de la région. En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, ils ont exprimé leur préoccupation face à la crise qui persiste. Les Chefs d’Etat ont souligné la nécessité de trouver une solution urgente à la crise, basée sur le lancement immédiat et concomitant des opérations d’identification et de désarmement des groupes armés, afin de créer les conditions nécessaires à l’organisation d’élections libres d’ici octobre 2007.
La Conférence a salué l’initiative de Président Gbagbo d’engager le dialogue direct avec le ministre d’ Etat Guillaume Soro afin de dynamiser le processus de paix. Ils ont décidé en consultation avec l’Union africaine d’envoyer une délégation de haut niveau au Conseil de sécurité de Nations unies pour permettre, selon l’issue du dialogue, la mise en œuvre diligente de la Résolution 1721.
La Conférence a invité le Conseil de sécurité des Nations unies à se rendre en Côte d’Ivoire pour dynamiser davantage le processus de paix.
Les Chefs d’Etat et de gouvernement ont exprimé leur préoccupation face à l’aggravation de la crise en Guinée. Ils ont invité le nouveau président en exercice à y dépêcher une délégation en vue d’une consultation avec tous les acteurs politiques afin d’utiliser le dialogue et les moyens non violents pour trouver une solution à la crise.
En ce qui concerne la Guinée-Bissau, le Liberia, la Sierra-Leone et le Togo où les efforts de reconstruction sont en cours, la Conférence s’est félicitée de la tournure des événements dans ces pays émergeant d’un conflit. Elle a également félicité les Nations unies et les partenaires au développement pour le rôle qu’ils ont joué dans la consolidation du processus de paix au Liberia et en Sierra Leone.
La Conférence a invité les partenaires au développement à apporter un soutien à la Guinée-Bissau pour le redressement de son économie tout en l’encourageant à poursuivre, sans relâche, ses réformes des secteurs économiques et de la sécurité.
Le Sommet s’est également félicité de la normalisation de la situation politique au Togo avec la création d’un gouvernement d’union nationale élargi.
Les Chef d’Etat et de gouvernement se sont félicités du succès du dialogue inter-togolais et ont lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte son appui au programme économique et à l’organisation des élections législatives en 2007 au Togo.
Observant que des élections présidentielles et législatives sont prévues en 2007 dans un certain nombre d’Etats membres, la Conférence a invité la Commission de la CEDEAO à apporter le soutien nécessaire à ces pays pour leur permettre d’organiser ces élections.
Les Chefs d’Etat et de gouvernement ont adopté les paroles de l’hymne de la CEDEAO.
Le Sommet a élu le Président Blaise Compaoré, Président du Faso, président en exercice de la CEDEAO.

Réactions du Président et du Premier ministre

Laurent Gbagbo :“Banny est dans le jeu”

Nous sommes sur le bon chemin et nous allons sortir de la crise par les élections cette année. Nous allons discuter, faire les élections et nous allons sortir de la crise. Il y a eu un moment où nous n'avons pas regardé dans la même direction. Aujourd'hui, nous décidons de discuter entre nous. Cela veut dire que nous allons regarder dans la direction de la Côte d'Ivoire. ..Le Premier ministre Charles Konan Banny est dans le jeu. Il ne peut pas être hors jeu. Je suis satisfait de ce sommet parce que j'ai fait des propositions de discussions directes et le sommet les a acceptées. Mais j'observe que tout le monde les a acceptées. D'abord, nos frères qui ont pris les armes ont accepté de discuter directement avec moi. Les partis avec lesquels ils sont alliés ont accepté aussi ce dialogue. Le GTI a aussi accepté ce dialogue.

Charles Konan Banny :“Tout le monde est fatigué avec cette crise”
Le sens de mon action est toujours le même. C'est comment faire pour aider mon pays à sortir de la crise. Je crois qu'ici, nous venons de recevoir un soutien renouvelé des pays membres de la CEDEAO pour que nous appliquions le programme de sortie de crise. J'imagine que le Chef de l'Etat vous l'a dit, je le confirme…Vous l'avez entendu, toutes les actions doivent être menées, c'est-à-dire l'identification en vue d'établir une liste pour les élections qui elles-mêmes doivent être acceptables, équitables et transparentes. Le désarmement, la normalisation du pays, le redéploiement de l'administration. Tout le monde est fatigué avec cette crise. Donc, nous allons y aller.

Barthélemy Kouamé
envoyé spécial à Ouagadougou