TCHAD - SOUDAN : LA GUERRE !
Pendant la trêve forcée de la saison des pluies, qui vient de prendre fin, les rebelles se sont armés et organisés au Soudan. De son côté, le Tchad s'est préparé à la guerre grâce aux revenus du pétrole et à l'aide militaire libyenne. Depuis vendredi, les hommes de la coalition rebelle de Mahamat Nouri, l'Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), sont entrés au Tchad, parvenant à prendre Abéché le lendemain, et à tenir la ville l'espace d'une journée. Parallèlement, les hommes du Rassemblement des forces démocratiques (RaFD) de Timan et Tom Erdimi et ceux de la Concorde nationale tchadienne (CNT) du Dr Hassan Saleh Al-Djinédi ont fait mouvement. Au total, l'ensemble de ces groupes compte plusieurs centaines de véhicules, et plusieurs milliers d'hommes.
UN AVION TCHADIEN ABATTU
Alors que la confrontation entre rebelles et forces loyalistes semble approcher, Hourmaji Moussa Doumgor, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, a déclaré, mardi, que le Tchad s'estimait "en état de guerre avec le Soudan", qu'il a accusé de "mener une guerre de colonisation" contre son pays par rebelles interposés. Il a jouté qu'une contre-offensive de l'armée contre les positions des rebelles, dans l'Est, était "une évidence", en ajoutant que les forces tchadiennes pourraient continuer les combats au Soudan.
Les différents groupes rebelles sont rassemblés dans l'est du pays, dans la région située entre Am Zoer et le massif d'Aram Kollé. Mardi, un avion tchadien récemment livré par la Libye a été abattu par un missile sol-air rebelle à Hadjar Arkou, près d'Am Zoer. L'attente a commencé, alors que les défenseurs de N'Djamena sont sur le pied de guerre et que les groupes rebelles ne peuvent se permettre de rester bloqués au pied de massifs montagneux avec plusieurs milliers d'hommes à nourrir.
Selon une source militaire tchadienne, la DGSSIE - l'équivalent de la garde présidentielle - serait prête à en découdre. "Jusqu'ici, les rebelles étaient hors de portée de nos hommes, au Soudan. Maintenant, c'est terminé : ils vont pouvoir y aller et ils sont impatients." Confronté à la faiblesse de ses effectifs fiables, le Tchad pourrait faire appel au Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), groupe rebelle du Darfour soutenu par N'Djamena.
Parallèlement, des sources au sein des différents groupes rebelles font état de dissensions entre leurs responsables, qui se sont traduites par des échanges de coups de feu, mardi. Lorsque l'UFDD de Mahamat Nouri a pris le contrôle d'Abéché, samedi, l'autre groupe constitué des forces conjointes du RaFD de Timan Erdimi et de la Concorde nationale tchadienne du Dr Al-Djinédi a effectué une percée en direction de la capitale de peur d'être pris de vitesse dans la course à la prise du pouvoir. "Pour les rebelles, l'important n'est pas d'arriver le premier à N'Djamena. En réalité, il faut parvenir à laisser un groupe se casser les dents sur la défense de la ville, et arriver en second pour tenter de s'y glisser sans essuyer de pertes trop lourdes", estime un observateur.
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