CÔTE D'IVOIRE - PROCESSUS DE PAIX : GBAGBO-BANNY; L'EPREUVE DE FORCE

9 Novembre 2006 , Rédigé par EBUERNANEWS Publié dans #NOUVELLES D'AFRIQUE

Résolution 1721 de l`Onu sur la Côte d`Ivoire - Après les messages de Gbagbo - de Banny Ce qui va se passer maintenant
L'intelligent d'Abidjan 09/11/2006 (note 1/5)

 

Gbagbo avait parlé, mais il n’avait pris aucun acte officiel, ni aucune décision. Il n’avait fait que parler. Hier, Banny a parlé à son tour .

 Lui non plus, n’a encore pris aucune décision. Le premier ministre a promis passer bientôt aux actes.

Hier, il a répondu dans une certaine mesure au discours du chef de l’Etat. Alors qu’il s’en défendait, le premier ministre a un peu joué au gladiateur. Et Abidjan et l’ensemble du pays ont encore eu peur. Après donc les discours, que peut faire Laurent Gbagbo, que va-t-il faire ?

 Qu’attendre du Premier ministre ?


Analyse et décryptage des options qui s’offrent à Laurent Gbagbo….et au premier ministre….


Passer violemment
et immédiatement aux actes


Céder à la colère et aux cris de guerre des siens et marquer qu’il est le chef en limogeant le Premier ministre, est une option qui s’offre au chef de l’Etat. Ainsi, il nommera un nouveau chef de gouvernement et affrontera avec ses hommes à lui, la communauté internationale. Cette posture sera présentée par lui, comme une formule pour négocier et faire avancer les choses. S’il agit de cette façon, le chef de l’Etat pourrait, selon les tenants de cette thèse, faire prévaloir de l’attitude provocatrice et faite d’insoumission du Premier ministre.

 Comment un premier ministre qui ne veut pas respecter l’autorité du chef de l’Etat, peut-il espérer obtenir le respect de son autorité par l’Armée et l’administration, argumentent déjà des têtes fortes du Gbagboland, qui applaudissent que Charles Konan Banny ait dégainé de façon aussi ouverte et ait choisi d’affronter leur champion ? Le tout sauf Banny naissant leur fait même penser que Laurent Gbagbo pourrait ouvertement “tendre la main à Guillaume Soro et lui proposer la Primature au détriment de Banny, puisqu’il vaut mieux avoir, affaire à l’original qu’à la copie”, ajoutent des interlocuteurs du camp présidentiel qui sont heureux du fait que le Premier ministre ait pris acte de la fin officielle et effective du tandem. “Le chef de l’Etat n’acceptera jamais qu’on lui force la main. Un chef ne cède pas à la colère comme Banny l’a fait.

 Si le tandem ne lui a pas permis de réussir, qu’il soit sûr que jouer les gladiateurs ne le fera point avancer”, concluent les partisans d’une réponse immédiate du berger à la bergère prêts à balayer d’un revers de la main la colère de la communauté internationale. Ne pas céder à la provocation
Au-delà de la colère, la réaction et de l’action immédiates (hic et nunc), d’autres conseillers du chef de l’Etat estiment par contre qu’il ne faut pas céder à la provocation dans laquelle Banny a donné, en tentant de banaliser la constitution, Laurent Gbagbo, les milices et bien d’autres thèmes chers au camp présidentiel,alors même qu’aucune critique n’a été adressée à l’opposition, en dehors de la farouche détermination exprimée aussi bien vis-à-vis du camp présidentiel que de la rébellion. Selon les stratégistes de cette tendance, il s’agit de voir au-delà du discours comment le Premier ministre va passer aux actes et comment il peut travailler sur le dos et contre le chef de l’Etat qu’il considère désormais plus comme un candidat potentiel que comme le détenteur exclusif du pouvoir exécutif.

Dans cette optique qui vise la durée, ses partisans estiment que Laurent Gbagbo doit continuer de jouer le temps, de se donner le temps de rebondir, de laisser faire pour s’opposer non à de simples discours du Premier ministre, mais à des actes et à des tentatives d’actions en dehors de la constitution et du cadre légal. Les tenants de cette façon de voir non apocalyptique, mais plutôt assez angélique et idyllique de la situation politique et des rapports de force, estiment qu’au fond, la rébellion tentera toujours de poser des actes pour saboter l’action du Premier ministre parce qu’elle ne veut pas la paix aux conditions actuelles marquées par le maintien de Laurent Gbagbo. “Il convient donc de ne pas tomber dans le piège tendu par le Premier ministre et se mettre à dos la communauté internationale. C’est pourquoi le Président Laurent Gbagbo ne doit pas bouleverser son agenda. Il doit poursuivre les concertations en cours avec les forces vives, et ne rien faire ni dire avant de les terminer”, plaident les artisans d’une rupture graduelle et non violente, ni immédiate.

 Indiquant que Banny n’a pas commis la dernière ni la plus grosse des forfaitures, ils souhaitent que Laurent Gbagbo attende que Banny pose des actes ou passe aux actes, avant d’agir et de sévir. “Et en attendant les initiatives du Premier ministre,le Président pourra réfléchir à des choses n’ayant pas forcément de lien avec le processus de sortie de crise,mais dont la réalisation sur le terrain démontrera que c’est lui qui est encore à la barre”.

 De son côté, le Premier ministre qui a parlé alors que certains observateurs s’interrogeaient sur l’opportunité d’un discours fait pour rassurer l’opposition, son cabinet et la communauté internationale d’une part et d’autre part avertir sur ses intentions, Laurent Gbagbo qu’il n’a plus du tout le souci de ménager, n’a pas d’autre choix que de transformer la détermination affichée en actes. C’est par les actes, et non par le nombre de paroles et de discours, que Charles Konan Banny sera jugé.


Alors on attend….
Charles Kouassi

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