CENTRAFRIQUE - SANTE ; LES RAVAGES DU SIDA

7 Novembre 2006 , Rédigé par IRIN Publié dans #CENTRAFRIQUE INFOS

 Un pays au bord du gouffre
2006-11-06 17:50:28 par IRIN

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BANGUI, le 6 novembre (IRIN) - Avec plus d'un adulte sur 10 infecté au VIH, la République centrafricaine (RCA) est le pays le plus touché d'Afrique centrale par l'épidémie et le dixième au monde : convaincre les partenaires internationaux de la lutte contre le sida de revenir travailler dans ce pays ravagé par des années de conflits sanglants est devenu une urgence. (...)

En 2005, 10,7 pour cent des quelque quatre millions d'habitants de la RCA vivaient avec le VIH/SIDA, selon le Programme commun des Nations unies sur le sida (Onusida).

Une estimation qui cache d'importantes disparités, notamment entre les zones rurales et urbaines de ce pays de 620 000 kilomètres carrés : certaines régions rurales, comme le nord confronté à une insécurité persistante et les zones frontalières du Soudan et de la République démocratique du Congo (RDC), affichent des taux d'infection atteignant jusqu'à trois fois la moyenne nationale.

D'autre part, les jeunes femmes âgées entre 15 et 24 ans sont cinq fois plus infectées que les hommes du même âge, et le nombre d'orphelins ne cesse de croître : en 2005, 140 000 enfants avaient perdu un ou leurs deux parents du sida, d'après l'Onusida.

Une enquête sentinelle est en cours pour déterminer le degré d'aggravation de l'épidémie depuis les dernières études, menées en 2003, mais d'ores et déjà, le sida est devenu l'une des principales causes de mortalité en RCA, selon les autorités.

La forte stigmatisation, l'ignorance, la pauvreté de l'immense majorité des Centrafricains, confrontés à des arriérés de salaires de plusieurs mois, ainsi que les déplacements massifs de populations et de groupes armés, accompagnés de l'utilisation massive des violences sexuelles comme arme de terreur pendant les années de conflits, sont les facteurs les plus souvent cités pour expliquer cette situation.

«Le problème du sida en RCA, c'est vraiment grave, si on ne fait rien maintenant, dans 10 ans vous revenez, il n'y aura plus que des tombes», s'est alarmée Donatienne Fetia, présidente du Congrès des jeunes femmes vivant avec le VIH, une organisation membre du Réseau centrafricain des personnes vivant avec le VIH (Recapev).

Six ans de vie en moins

L'espérance de vie a baissé de six ans en 15 ans, d'après le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), et même si «rien ne permet d'attribuer cette baisse au [seul] VIH/SIDA, quand on regarde l'impact de l'épidémie sur le corps enseignant et médical, on voit que le sida est de toute façon un problème vraiment sérieux», a dit le docteur Basile Tambashe, représentant du Fnuap en RCA.

En 2005, une étude publiée par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) sur les «Impacts du VIH/SIDA sur le développement en République Centrafricaine» a évalué à 327 pour cent l'augmentation des décès en 2005 chez les 15-49 ans, par rapport à un scénario sans sida.

Le document a confirmé l'effet dévastateur de l'épidémie, entre autres sur le secteur de la santé, en terme de pertes des ressources humaines, de surcharge de travail -jusqu'à 70 pour cent des lits d'hôpitaux sont occupés par des malades du sida-, et de surcoût.

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