Le dialogue politique et la légitimité du pouvoir de Bangui

30 Octobre 2007 , Rédigé par Le Confident Publié dans #CENTRAFRIQUE INFOS

Quel sera l'objet du dialogue politique inclusif tant réclamé par la communauté centrafricaine et la communauté internationale. La demande est pressante mais l'on ne sait exactement de quoi v traiter le Dialogue politique.
L'imbroglio ? On assiste, dans tous les cas à une veillée des armes.
Toutefois on sait que, certains auraient voulu que le dialogue politique soit un «  Dialogue politique souverain avec les décisions immédiatement exécutoires pour exciter les déboires du dialogue national. C'est la thèse soutenue par les adeptes dune « conférence nationale souveraine » qui ne dit pas son nom pour corriger les ratés du Dialogue National dont à peine 12 à 17% seulement recommandations ont été exécutées à ce jour. A l'inverse, il y a ceux qui pensent que le Dialogue inclusif ne peut que se tenir dans le cadre des institutions de la République issues des urnes. C'est la thèse en particulier soutenue par la majorité présidentielle et une partie de l'opposition. Dans ces deux thèses en présence, il y a lieu de reconnaître que les tenants d'un dialogue Politique inclusif mais « souverain » ne se priveront pas de remettre en cause la légitimé politique du pouvoir en place et celle du général Bozizé en personne que beaucoup d'opposants parmi les « Patassistes «  et un usurpateur à qui il est reproche d'avoir renversé par la force l'intraitable Ange Félix Patassé qui soutient lui-même cette thèse en se cachant insidieusement dans sa barbe blanche. Le rusé !
Or pour les tenants d'un Dialogue Politique à l'initiative des pouvoirs publics et dans le cadre des institutions de la République, il ne sera question de remettre en question les institutions et encore moins de remettre en question la légitimité du régime en place et notamment celui du président de la République lui aussi « président démocratiquement élu » après s'être auto- proclamé président de la transition après le coup de force du 15 mars 203. Une bataille rangée en perspective entre les « souverainistes » et les légitimistes.
Une bataille qui pourrait s'engager déjà dès le début des travaux du Comité Préparatoire du Dialogue politique dont l'avenir est malheureusement et dores et déjà voie à l'échec, vu les atermoiements et les calculs dévoyés du président de la République et du gouvernement qui voudraient faire « main basse » sur le dialogue en question. On en voudrait pour preuve que les termes scélérats du décret portant création du comité préparatoire. Ce décret dévoile sur la place publique les véritables intentions du pouvoir et l'on peut comprendre aisément les réactions d'une opposition dubitative, d'autant qu'une bonne partie de la société civile, est manœuvrée pour suivre la majorité présidentielle. De la bagarre en perspective donc.
Une chose est sûre, chaque fois qu'une personnalité politique ou une personnalité de la société civile tente de remettre en cause la légitimité du pouvoir en place, celui-ci se cabre et braque. Et l'on parle de l'exigence du dialogue politique comme d'une tentative de coup d'Etat déguisé et dirigé contre le pouvoir en place. Cette thèse-là est systématiquement soutenue par les partisans du pouvoir et les thuriféraires bien connus de la majorité présidentielle qui font des mains et des pieds pour verrouiller le dialogue politique à leur profit et au seul profit du pouvoir. Car pour ces derniers, le slogan est celui comme l'eau de roche : « Ne touchez pas à mon pouvoir » ».
Il va sans dire que le manifeste pour un dialogue politique véritablement inclusif signé depuis Paris par des personnalités politiques bien connues, pourrait confronter les partisans du pouvoir en place dans leur volonté manifeste de noyauter le dialogue politique inclusif et de le dévier de ses objectifs réels à savoir un diagnostic sans complaisance de la situation socio-politique et les solutions de sortie de crise.
De fait, les signataires de ce manifeste d'attirer plusieurs signatures retiennent d'entrée de jeu comme ‘‘contenu du dialogue'', la question de la légitimité du pouvoir et précisent qu'un pouvoir légitime ne peut tuer des centaines de ses habitants dans le nord-ouest et le nord-est du pays et de conclure sans biaiser que « le pouvoir en place, ne saurait prétendre disposer de la légitimité nécessaire pour continuer à conduire les affaires de l'Etat ». (sic).
Y a-t-il besoin de faire un commentaire de texte pour comprendre ce que cela veut dire ? Point n'est besoin de commentaire outre-mesure, car ce passage dudit manifeste signifie que le président de la République plus que jamais impopulaire devrait remettre en cause sa légitimité ici et maintenant. Si ce n'est pas le cas, le dialogue politique se chargera de le dépouiller de cette légitimité. Voilà une prise de position qui va remettre le feu aux poudres et il va falloir s'attendre à un riposte dithyrambique de la communication présidentielle qui va ainsi trouver le prétexte tout fait selon lequel les opposants au régime ne veulent pas de le dialogue politique inclusif comme un espace d'échanges sur des questions politiques, mais ils veulent tout simplement le fauteuil du président de la République. Car pour François Bozizé, le dialogue politique « oui » mais le dialogue politique pour le chasser du pouvoir, c'est « non ». Erreur tactique de la part de certains opposants au régime en place ? Mais quelque part et avant la lettre, le débat sur la légitimité du pouvoir est bien lancé.


Samedi 27 Octobre 2007
 
Oscar Banalé
 

http://www.leconfident.net

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