GABON PRESIDENTIELLE : LE "POUVOIR" DES MEDIAS

28 Octobre 2005 , Rédigé par LE FIGARO Publié dans #NOUVELLES DU MONDE

  FOCUS SUR L'ACTUALITÉ

 

Couverture électorale: Bongo monopolise les médias publics.
(Le Figaro 28/10/2005)
( 28/10/2005)


Les autorités gabonaises ont promis mercredi un traitement équitable pour chacun des cinq candidats à l'élection présidentielle du 27 novembre, mais les médias publics sont pour l'instant monopolisés par le chef de l'Etat sortant Omar Bongo Ondimba.

Chaque jour, la campagne du président-candidat, doyen des chefs d'Etat africains après 38 années de pouvoir, s'étale sur des pages entières du journal gouvernemental L'Union, seul quotidien au Gabon.

Jeudi, malgré une légère diminution de cette couverture, on pouvait ainsi y lire la composition de l'"état-major de campagne du candidat Omar Bongo Ondimba auprès des jeunes", le compte-rendu d'une conférence de presse de son porte-parole et d'une "impressionnante marche de soutien", ainsi qu'un article sur l'engagement à ses côtés d'une petite association locale.

En revanche, pas un mot depuis le début de la semaine dans L'Union sur les deux ténors de l'opposition qui affrontent M. Bongo, l'ex-baron du régime Zacharie Myboto et l'opposant "radical" Pierre Mamboundou.

Quant aux règles édictées mercredi pour instaurer un accès "équitable" des prétendants aux médias publics, un petit encadré annonce qu'elles ne seront publiées que vendredi, "faute d'espace"...

En présentant les modalités de la campagne officielle à la radio et à la télévision d'Etat, qui démarre le 13 novembre, le président du Conseil national de la communication (CNC) Pierre-Marie Dong en a profité mercredi pour sommer tous les médias, publics comme privés, de réserver un "traitement équitable" à tous les candidats.

Un appel qui fait sourire les rivaux du président sortant. "Pour l'instant, je suis interdit d'accès aux médias, ils n'ont couvert que ma déclaration de candidature", proteste Zacharie Myboto, un ancien fidèle du président passé cette année à l'opposition.

Mercredi, revendiquant sa "double casquette" de ministre de la Communication et de porte-parole de campagne de M. Bongo, René Ndemezo Obiang avait répondu à des journalistes gabonais qui l'interrogeaient sur le monopole médiatique de son chef et l'"overdose" qu'il risquait de susciter.

"Les médias publics couvrent les activités pour lesquels ils sont saisis, on ne peut pas inventer des activités" si les autres candidats n'en organisent pas, avait-il ironisé.

"Tous les jours, mes partisans veulent organiser des marches en ma faveur à travers le pays, mais ces marches sont interdites", rétorque M. Myboto.

Les médias gabonais relatent par contre avec constance les défections annoncées depuis fin septembre à un rythme presque quotidien au sein du parti du nouvel opposant, que ce dernier attribue à une "mise en scène" organisée par le camp présidentiel.

Parmi les journalistes, la couverture médiatique accordée pour l'instant aux candidats fait déjà grincer quelques dents.

"Tout est politisé dans cette maison", s'est emporté un journaliste de la radio publique à l'annonce des noms de ses confrères chargés d'animer les émissions politiques pendant la campagne électorale. "La plupart ne sont même plus journalistes, ils sont devenus conseillers de tel ou tel ministre", a-t-il ajouté.

Malgré les sanctions prévues par le CNC en cas de non respect des règles du jeu, ce journaliste s'inquiète déjà d'une éventuelle "censure" et des "ordres des étages supérieurs pour nous interdire de couvrir les activités d'un candidat d'opposition".


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